
rash
convulse
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Rash
Hivemind – LP
Convulse records 2020
J’avais un peu perdu de vue Rash depuis un excellent single
en 2017. Ce groupe de Chicago a sorti pendant l’été
2020 son deuxième album, Hivemind, qui n’a aucune raison
de rester confiné dans les dédales de l’omission. Rash,
c’est la mouvance hardcore de Chicago et s’il est question de
noise également, c’est pour l’énorme densité
de leurs morceaux, la grosse couche de saturations naturelles qui envahit
le moindre espace, la respiration qui devient difficile. Un rugissement
punitif, une approche dure et brutale, une texture granuleuse. Tout ce
qu’il faut pour transformer le hardcore en un tourbillon plus complexe,
faire d’un disque hardcore-punk de base une machine de guerre hyper
abrasive. Le crust n’est pas loin mais Rash est plus vicieux. La
basse décorne un bœuf plus d’une fois, la guitare vrille
et ravage les neurones. Rash s’éloigne du carcan hardcore,
expérimente sans s’en apercevoir parce que la politique de
la terre brûlée rend sourd, ne s’appuie jamais longtemps
sur un rythme, dégringole à fond la caisse sur les toms
avec une lourdeur incomparable (comme l’instrumental Interlude
qui est le morceau le plus long et bien plus que ce que son titre laisse
penser) pour mieux casser ensuite les reins et mettre de l’incertitude
dans la cadence alors que ça s’annonçait direct tout
droit. Dans l’assourdissant déferlement, le quatuor arrive
régulièrement à placer un riff qui perce l’obscurité,
un rythme qui galvanise, de menus dérèglements qui font
toute la différence, des débordements qui ne durent pas,
des échos lugubres révélant un relief accidenté.
Et avec un chanteur toujours aussi remonté contre la terre entière
et qui écume avec tout le venin et ressentiment dont il est capable
– et c’est un garçon très capable – Hivemind
se révèle une boule de nerfs épaisse, cabossée,
féroce, tout aussi frontale que pernicieuse. Et qui récure
en profondeur les tuyaux du cerveau, c’est surtout ça l’essentiel.
SKX (26/04/2021)

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