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Orphan
Donor
Unraveled – LP
Zegema Beach records 2021
Âmes sensibles et personnes au bord de la crise de nerf, s’abstenir.
Orphan Donor le déclare lui-même, une descente dans la folie
qui fait réfléchir. Orphan Donor est le projet d’une
seule personne, Jared Stimpfl, batteur de Secret
Cutter. Environ dix années qu’il s’escrime à
extirper toute la merde qu’il a en lui dans cet exutoire personnel.
Avec Unraveled, nouvel album publié pour la première
fois en vinyle après plusieurs cassettes, sorties numériques
et quelques split singles, il franchit un énorme palier dans la
violence, la démence et la manière hallucinatoire de vous
balancer tout ça à la tronche. Impressionnant.
Batterie, guitare, basse et tout ce qui peut lui tomber sous la main pour
cogner, plus enregistrement et mixage compris. Seul le chant n’est
pas dans ses attributions. Après avoir essuyé plusieurs
chanteurs dont celui de Tile
(Michael Morekin), c’est désormais Chris Pandolfo (Clouds
Collide) qui occupe le poste. Et c’est pas le genre à calmer
les débats.
Unraveled, démêler les nœuds qu’on a en
soi et colossal hurlement cathartique qui trouve sa source dans une douleur
intérieure ancienne, la perte d’un père pendant son
enfance en l’occurrence pour Stimpfl générant une souffrance
sur plus d’une décennie, des projections de colère,
une profonde tristesse. Si Orphan Donor lui a toujours servi à
libérer la soupape, c'est la première fois avec Unraveled
que j'ai eu l'impression que le processus d'écriture était
en fait une guérison, plutôt qu'un simple moyen de faire
face. Unraveled est une expression et un récit authentiques de
certaines des périodes les plus difficiles et les plus effrayantes
de ma vie, qui m'ont façonnée pour devenir la personne que
je suis aujourd'hui.
Et on sent bien et même un peu plus que ça qu’il a mis
dans cet album tout ce qu’il avait dans le bide. Sept compos s’étirant
inhabituellement par rapport à ses travaux précédents,
jusqu’à atteindre les onze minutes sur Celestial Mourning,
une débauche majestueuse de tonnerre, de grondements, d’éclairs,
de cris aussi torturés que profondément furieux et honteusement
intenses ne hurlant pas dans le désert. Unraveled crée
autant de dommages que de beauté, casant dans ce maelstrom chaotique
de black-noise-rock-metal un élan sans cesse déchirant,
magnifiquement et rudement épique, avec des arpèges mélodiques,
des cassures agrandissant l’affolement et de fragiles accalmies intervenant
à la fin de quasi chaque titre, comme s’ils se consumaient
de leur propre extrémisme dans une mort lente. Mais c’est
pour mieux relancer le rouleau-compresseur, cette course en avant effrénée
et mettre en valeur une violence décuplée.
La pression est constante, ce n’est franchement pas de tout repos
mais c’est d’une force incroyable, une fureur fascinante. Si
Unraveled a été une forme de cicatrisation pour Orphan
Donor, il agit aussi comme une véritable libération de toute
la boue néfaste qui vous colle à la cervelle.
SKX (17/10/2021)

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