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Lindblom & Lindblom
The Red Rail – tape
Nejelnet records 2021

Lindblom & Lindblom, parce que ce sont des frères, Rickard et Robert et que c’est donc une histoire de famille qui a commencé depuis la naissance répondront les plus perspicaces et au moins depuis 2014, date de Sturm Und Drang, premier album suivi de Obducenten & Allmänläkaren en 2017, quelque part en Suède.
Un duo en studio mais à quatre sur scène si l’on en croit la photo de leur site pour reproduire ce que fait Rickard à la batterie, Robert à la basse, les deux s’occupant des plans guitares. Et ne cherchez pas qui chante, Lindblom & Lindblom a opté pour le tout instrumental.
Un duo qui sonne comme quatre. Vraiment. Encore plus quand des instruments supplémentaires ou des invités interviennent pour rajouter du piano ou des percussions. Et ce qui se présentait comme un groupe instrumental assez basique prend au fil des écoutes de l’épaisseur et se sort du piège d’un rock instrumental à tendance matheuse trop prévisible qui aurait pu engendrer un fort sentiment de lassitude. Parce que c’est pas comme si on n’en avait jamais entendu hein.
Sous des dehors classiques et une approche très marquée par les années 90 et son cortège de groupes emmené par les emblématiques Don Caballero, The Red Rail s’apprécie sur la longueur, tire son épingle du jeu grâce à des compositions savamment pensées et travaillées où tout est histoire de dosage et de précieux détails, d’idées multiples bourgeonnant dans une lumière relativement apaisante. Il est en effet possible de regretter parfois une aura générale un peu trop sage mais c’est là que Lindblom & Lindblom creuse son propre trou, dans une ligne de démarcation ne choisissant pas le passage en force et les prouesses pyrotechniques mais une grande subtilité et un canevas de structures très recherchées que le duo arrive à rendre fluide et mélodieux. La fougue d’un Don Caballero est délaissée au profit d’une musique nerveusement soignée, habilement ondoyante, enrichie par des tablas sur Rick-Rack, un piano expressif sur Two Pricks qui n’est pas là pour faire de la figuration, des joutes rythmiques enlevées entre deux types qui ne sont pas frangins pour rien et surtout des parties fines de deux guitares rivalisant d’accords complémentaires et pertinents pour donner de la consistance à un genre qui en a pourtant entendu d’autres tout en sachant parfois prendre la tangente le temps d’un Svedestam et Skär Kattost plus expérimentaux et trafiqués.
Mais Lindblom & Lindblom n’est jamais aussi convaincant quand il allie la concision instrumentale dans un format plus traditionnel et percutant, évoluant dans un cadre précis et connu ne surprenant pas franchement mais arrivant tout de même à faire preuve de talent et de fraîcheur dans l’écriture de morceaux à la tenue impeccable à défaut d’être renversante. The Red Rail trace son chemin sûrement, on est sur de bonnes voies, on sait où on va et on arrive quand même à apprécier le voyage.

SKX (28/05/2021)