kulk
hominidsounds


Kulk
We Spare Nothing – LP
Hominid Sounds records 2021

Kulk, ça ressemble de loin à un mec qui devient tout vert et costaud quand il se met en colère mais pour aujourd’hui, ce sont deux charmants anglais aux cheveux longs et blonds qui tapissent tout d’une électricité noire charbon quand ils se mettent en affaire. La batteuse Jade Squires (brièvement entendu chez Bad Stone) qui manipule aussi un synthé et le guitariste-chanteur Thom Longdin pour un premier vinyle, We Spare Nothing après Here Lies Kulk publié sous forme de cassette uniquement en 2020 sur Hot Fools records.
Un tour par chez Wayne Adams pour mettre toutes les chances de leur coté et les effluves granuleux d’un psychédélisme ténébreux à la Terminal Cheesecake, le doom pourfendu par les bourrasques d’un noise-rock râpeux pénètrent lentement, irrémédiablement dans les méandres d’un disque qui implose, c’est monstrueux. Comme si le poids était trop énorme, la densité étouffante, massif brasier qui prend feu de partout, pression externe excessive et qu’un liquide nébuleux rongeait les parois internes.
Se frayer son propre chemin dans de longues processions à la destinée incertaine, l’acidité qui tourmente, le canon retourné et Kulk qui dégaine car à un moment donné, il faut que ça tire, que ça se déchaîne. C’est beau et douloureux (Lone Individual), ça laisse en mille morceaux (Forgetting Is Your Blessing) et la fumée, Kulk la recrache toujours par les narines en te faisant mariner dans des cauchemars brouillardeux (Lives For One). Avec de très courtes accalmies pseudo-reposantes (My Old Man) ou à tendance instrumentale et expérimentalo-bruitiste avec des douves qu’il n’aurait jamais fallu ouvrir (Goblin Dreams) et d’autres qu’il faudrait remplir (Kill Your Local Rapist). Et surtout, de magnifiques débauches violentes avec une basse énorme sur Day Old Kebab même s’il est dit que Kulk n’a pas de bassiste, magie de la technologie, comme un God miniature qui s’enfonce bien profondément dans tes neurones avec des voix de déments qui t’encerclent et rendent dingue, tous ces accès de sauvagerie qui craquent ou menacent de craquer à chaque instant, cette façon de secouer son psychédélisme, le rendre angoissant, magnétique, un froid calcul imposant finissant par s’enflammer dans des gerbes saturées et pressurisées.
We Spare Nothing, terre de désolation grouillant de milliers de démons, dansant tout autour de toi dans une obscure ronde dont le centre se consume sous sa propre folie. L’incroyable Kulk.

SKX (15/12/2021)