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John
Nocturnal Manoeuvres – LP
Brace Yourself/Pets Care records 2021

Les deux John sont de retour pour un troisième album qui met la lumière à tous les étages. John Healey (guitare) et John Henry Newton (batterie, chant) font dans les manœuvres nocturnes mais ils ne peuvent plus avancer masqués. Nocturnal Manœuvres est un album éclatant. Dans tous le sens du terme. Le genre d’album qui place un groupe dans le haut du panier d’une scène anglaise qui n’est pourtant mais alors vraiment pas avare en groupes noise-rock top quality.
John continue de construire sur ces deux précédents disques, notamment Out Here On The Fringes, capitalise sur son savoir-faire indéniable, peaufine sans chercher à faire plus beau et séduisant ou mélodique. L’impression même que John alourdit la frappe, fait trembler les murs, assombrit le ciel orageux et ténébreux comme jamais, le rend plus en colère, traversé qu’il est d’éclairs foudroyants laissant une profonde et solide marque sur nos chairs déjà brûlées d’avoir tant subies. Serre les poings. Nocturnal Manœuvres est une arme redoutable. Force et simplicité ce qui n’empêche pas créativité et variété pour une formule ne donnant jamais le sentiment d’être à deux.
Le son concocté par Wayne Adams est comme d’habitude parfait, puissant sans être forcé, grondant tout en étant clair et précis, mettant en valeur toutes les nuances d’un jeu délivrant de nombreuses finesses derrière le tir de barrage d’un Nocturnal Manœuvres taillé pour le combat, hautement dynamique, cogneur. Après un morceau instrumental introductif (Return To Capital) posant une ambiance faussement docile, on sent bien que ça va exploser de partout et les neuf titres suivants explosent de partout. Méthodiquement, intensément, avec des riffs ciselés dans le velours, la boule au creux du ventre, le chant chargé en bile grave et tempétueuse et aidé sur Sibensko Powerhouse et Jargoncutter par les grosses cordes vocales de Adam Devonshire, le bassiste de Idles qui ferait bien d’en prendre de la graine dans le domaine des compos qui rentrent par une oreille et ne sortent pas de l’autre. Avec John, c’est du ultra consistant, de l’hymne rude et sauvage qui ensorcelle et fait pour durer, rien à jeter et surtout pas leurs deux plus grandes pièces, Power Out For The Kingdom et le mal nommé mais sublime Non-essential Hymn. Quand John va au-delà des cinq minutes, c’est pour encore plus de plaisir sans les longueurs, plus de tensions, de sombres et alertes mélodies, de hargne, de beauté, de la répétition qui ne fait pas du surplace mais avance en ravageant tout sur son passage. Essentiel.

SKX (30/11/2021)