ifsowhy

If So Why
World Eater – tape
Dirt Frame records 2021

2019 avait vu sonner le glas de Lost Talk dans une belle indifférence avec l’album posthume Tenterhooks. Et c’était bien triste parce que ce groupe avait tout pour casser la baraque. A peine le temps de sécher ses larmes que trois des six membres de Lost Talk reforment If So Why. Le guitariste Steven Smith qui s’était fait connaître avec les géniaux Scul Hazzards, la batteuse Liz Turner et la chanteuse Amy Mowle. Un nouveau venu à la basse, Tyler Dykens et le groupe australien (Melbourne) sort World Eater uniquement en cassette en guise de carte de visite.
Il est tentant de comparer If So Why avec Lost Talk. Question de facilité mais ce n’est pas complètement déconnant non plus. La formule devient plus simple et normal, exit les deux batteries et guitares mais les intentions restent identiques. Et ça, ce n’est franchement pas pour déplaire. Un noise-rock finement dissonant tour à tour plus sec ou plus noisy façon lointains cousins de Sonic Youth. Des échardes vénéneuses brillamment amenées par la guitare, épines s’enfonçant dans la chair pour stimuler les sens et adoucir la douleur par des arpèges subtilement ciselés et des tendances mélodiques qui donnent toute la beauté et le sel des compos. Car si tous les éléments sont connus, ce qui distingue (par le haut) If So Why de ses nombreux contemporains jalonnant des parcours similaires, c’est une nouvelle fois un talent indéniable pour écrire des morceaux limpides et très classe, convulsifs, distordus et avenants, un habile mélange d’acide, de heurts, de souplesse et d’élasticité que symbolise parfaitement la section rythmique, une certaine douceur amère enveloppant les frottements incessants. Et l’intensité à fleur de peau du chant surfe avec bonheur sur ces vagues bruyantes, évitant fort à propos l’escalade frénétique pour rester dans un registre modéré et éclairé.
Par contre, sur la face B de cette cassette, If So Why change totalement la perspective et surprend. Long Last Times est un titre fleuve d’un quart d’heure, un long instrumental comme un souffle dronique, une nappe fourmillant de mille bruits donnant constamment l’impression que ça va exploser mais qui reste jusqu’au bout sur la même tonalité. Bel effort mais on retiendra et on préférera nettement les six morceaux précédents lançant idéalement If So Why dans la vie.

SKX (01/09/2021)