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The Hammer Party
Smashed Hits – LP
Psychic Static records 2020

Ce disque aurait dû être un grand feu de joie. Mais la mort n’attend pas. Andy Newman, le nom principal qui avait allumé en grand un néon dans ma cervelle parmi la liste des membres de ce nouveau projet apparu soudainement sur les radars, l’ex-Glazed Baby et Whitey, ne lira jamais tous les superlatifs concernant Smashed Hits. Il est décédé le 30 novembre 2020, quelques semaines avant la sortie officielle de ce premier album. Alors forcément, ce disque possède un goût très amer, la joie brûle d’une flamme différente.
Ne boudons tout de même pas notre plaisir égoïste tout en se disant que Andy Newman s’est offert une magnifique dernière sortie au panthéon du noise-rock, lui l’intraitable bassiste et chanteur de Glazed Baby qui avait opté pour la guitare avec The Hammer Party. A ses cotés, Justin Silvia (basse), Joe Propatier (batterie) et au chant, Dan St. Jacques, ex-Landed et Six Finger Satellite. Un disque très court, sept titres seulement, à peine vingt minutes mais vingt minutes qui comptent.
Des gars qui connaissent la musique, l’odeur d’une saine et bonne giclée noise, la maîtrise des tenants et des aboutissants, la recette ancestrale délivrée sans que jamais cela ne sonne comme un plat réchauffé. C’est Jesus Lizard qui vient d’abord en tête, un peu de Glazed Baby aussi évidemment, l’ombre d’un Shorty et un glissement de terrain vers le fielleux, le rampant et la douce démence sur un monstrueux Wage Slave qui clôt ces minutes pyromanes. Avant d’en arriver là, The Hammer Party (qui était le nom d’une compilation de Big Black regroupant les deux premiers mini-albums Lungs et Bulldozer) a été plus direct, découpant au cordeau des merveilles de morceaux sans une once de gras, férocement pénétrants, acides, jouant sur une certaine idée de la répétition et du matraquage tout en finesse jusqu’à culminer dans l’absurdité géniale sur le fendard et entêtant Waiting for The Bus. Un refrain répété en boucle qui est aussi les quasi seules paroles (Try not to make a fuss / When you’re waiting for the bus / Always in a rush) qu’un bref break de basse aussi divin que simplissime vient casser pour mieux le relancer. Car le noise-rock de The Hammer Party est parfois d’une simplicité confondante, mélodique et entraînant même (Russian Collusion). Une idée exploitée à fond, un riff basiquement lumineux, une section rythmique s’imposant sans forcer, le tout fait avec une telle conviction et mordant que ça en devient magique.
Et puis vous avez le chant de Dan St. Jacques. De la part d’un type qui, du temps de Landed, avait effectué une entrée en scène fumante en s’immolant et filmé pour la postérité, il ne faut pas s’étonner qu’il ne semble pas seul dans sa tête, comme si plusieurs chanteurs s’activaient derrière le micro, ce qui donne autant de tonalités et des façons multiples de chanter, fournissant ainsi une aura possédée, une rage viscérale où la folie qu’il ne semble pas feindre n’est jamais très loin. Un ultime vernis qui est la marque des grands. Smashed Hits sera peut-être le seul disque de The Hammer Party mais il va laisser un souvenir impérissable.

SKX (13/01/2021)