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Hiraki
Stumbling Through The Walls – LP
Nefarious Industries/5FeetUnder/Indelirium/Virkelighedsfjern/Black Omega/Dingleberry/Entes Anomicos/Heartland records 2021

Hiraki, c’est du danois et les murs, le trio va plus que trébucher dedans, il va les exploser dans les grandes largeurs. Stumbling Through The Walls est leur premier album après un split en 2017 avec We Are Among Storms. Et s’il faut comprendre les murs comme des frontières musicales, Hiraki va être du genre à les imbriquer, les repousser et les faire trembler sur leurs fondations. Un batteur, un guitariste et un chanteur qui saccage un synthé et balance du bruit tordu, largement insuffisant pour leur coller l’étiquette synth-punk qu’on leur prête pourtant bien volontiers. Les raccourcis ont la vie dure.
Hiraki, c’est hardcore, c’est hurlant, sifflant, c’est violent comme un Uniform, c’est froidement fracassé et tout aussi frénétiquement déstructuré, du punk de barricades, de l’électro fortement déviante, du noise-rock acide et mutant avec quelque chose de sans cesse désespéré voir torturé flottant dans l’air. S’il fallait résumer le sentiment qui ressort de l’écoute de ce disque ou l’état dans lequel ça peut vous mettre, la vidéo de Wonderhunt fait parfaitement l’affaire. Le personnage du clip qui est aussi le chanteur fait craindre le pire pour sa santé mentale. Une affaire d’enfermement, de paranoïa, de lutte contre des démons invisibles, encore une histoire de murs qu’on aimerait bien faire disparaître à tout jamais pour ne pas devenir dingue.
Une musique qui n’a pas l’air facile décrite ainsi et effectivement, Hiraki trépigne, convulse, bastonne, débite du rythme élevé en mode stroboscope, saute à la jugulaire et ne semble pas prêt de la lâcher. Heureusement, dans cette urgence à fleur de peau et cette intensité constante, le trio possède des approches variées et ne tire pas à vue sans sommation.Tend son piège patiemment sur un mémorable Proto Skin tout en relief et tension calculée, génère des accroches, s’offre des répits pour mieux repartir au combat. Ère dans des friches industrielles sur New Standards avec l’aide d’une certaine Rikke Fink au chant mi-angoissant mi-onirique alors que Jon Gotlev vomit littéralement ses paroles. Et des invités, il en est encore question avec Cara Drolshagen (The Armed) qui prête aussi ses cordes vocales sur Common Fear et Anders Jørgen Mogensen (Gullo Gullo) s’en donne à cœur joie sur Peach Lung, titre qui est par contre le moins convaincant du lot, tapant dans tous les coins sans vraiment aboutir quelque part alors que Hiraki avait jusque là réussi à doser sa démence et canaliser la bête sauvage sommeillant en eux. Mais c’est pour mieux finir sur le grandiose The Alarmist qui est lui le meilleur moment de Stumbling Through The Walls. Une sortie par la grande porte avec ce riff obsédant et cette montée d’adrénaline tout en contrôle soulignée par une sombre nappe de synthé, des bruits qui s’agglutinent et ce chant à l’agonie si présent tout au long de l’album qui est à s’arracher la peau.
Ce n’est pas de tout repos mais c’est fortement recommandé.

SKX (06/04/2021)