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The Gary
Fallow – LP
Act Your Age/Sinkhole Texas Inc records 2021

The Gary revient après sept ans de malheureux silence avec la somme astronomique de six nouveaux morceaux. Même pas un par année d’absence. Parce que chez The Gary, on n’aime pas seulement le travail bien fait, on a surtout pas que ça à foutre. Un groupe en dilettante dont le titre du morceau d’ouverture, Ordinary People, sonne comme une profession de foi. À moins que ce soit Radical Prostate.
Trois garçons basés à Austin avec un nouveau à la batterie, Anthony Castaneda, qui n’ont toujours pas comme idéal de révolutionner le monde. Et c’est ce qui est admirable chez The Gary. Le monde va trop vite pour eux. Le trio continue d’arpenter le terreau de l’humilité, connaît le prix de la sincérité et d’une bonne chanson, magnifie la simplicité et le temps qui s’écoule inexorablement. Alors depuis Farewell Foolish Objects, le cœur n’est pas au changement mais de cœur, il en question à chaque instant.
Une musique qui vibre, qui fait dresser chaque poil de l’épiderme dans toute sa sobriété étincelante. Une musique qui n’a l’air de rien et qui grandit insidieusement, sereinement, impérieusement, chaleur à diffusion lente dont on ne peut plus se passer, l’abrasion tranquille, le feu qui couve et possédant l’élégance de ne jamais encrasser la tuyauterie.
The Gary, c’est la force et l’emprise d’un Mission Of Burma ou Martha’s Vineyard Ferries. Le genre qu’on ne voit pas arriver. Mais qui par la seule puissance d’une mélodie imparable, d’un chant, celui du bassiste Dave Norwood, profondément fragile et touchant derrière sa manifeste solidité, d’une rythmique s’enhardissant et d’un guitariste (Trey Pool) sensible qui tricote merveilleusement bien (comme sur l’instrumental Radical Prostate) et fait la paire avec le bassiste dont le jeu s’apparente souvent à une seconde guitare plus rugueuse, donne ses lettres de noblesse à un disque farouchement attachant. Et qui n’a besoin que de peu de paroles et de mouvements pour exprimer toute l’étendue de ses sentiments sur les insondables et poignants Info et The Season Consumed Me dont rien que le titre dit beaucoup du drame silencieux qui se trame. Que six chansons mais on est bien heureux qu’elles existent de la part d’un groupe trop rare. Dans tous les sens du terme.

SKX (16/05/2021)