gravelsamwidge
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Gravel Samwidge
Complaints – LP
Swashbuckling Hobo records 2021

Gravel Samwidge, un groupe Australien totalement sorti de nos radars. Jusqu’à oublier leur existence qu’une rapide recherche dans les tréfonds d’un ordinateur vient d’exhumer le souvenir. A notre décharge, il faut dire que Gravel Samwidge n’avait plus donné signe de vie depuis 2013 et leur mini-album Medicinal Requirements. Car ce groupe existant depuis 1989 et qui a attendu 2002 pour publier son premier enregistrement (un split 45 avec Penthouse, Trumans Water et I’m Being Good) sort surtout au compte-goutte des disques sur de mesquines cassettes, des Cdrs faisandés à la sortie des concerts et le plus souvent se délecte du digital uniquement. Pour Complaints, Gravel Samwidge a fait les choses en grand. Un beau vinyle chargé ras la glotte de seize morceaux pour bien marquer le coup. Le trio a même puisé dans le répertoire ancien et a réenregistré tout en les modifiant légèrement trois morceaux de l’album Trough en 2013 (Hangover, Pink Eye et Don’t You Know) et deux de Gasgirls Funeral en 2010 (Justify, Tell Mum). Plus aucune excuse pour ne pas se familiariser avec ce groupe fortement recommandable.
Projet à la base du guitariste-chanteur Mark Spinks, la formation s’est désormais stabilisée avec le bassiste Ashley Jenkins et le batteur Alex Morrison. Et l’écriture s’en ressent et se ressert. Un rock primaire, débarrassé de tout superflu, ça sonne comme ça sort des amplis et ça sonne brut, presque aride avec ce léger vernis qui craque sous la langue, une texture abrasive qui gratte et vire au rouge. Une approche quasi minimaliste d’un punk-noise au cordeau. Revêche et tendu façon Venom P. Stinger. Rarement frontal et sciemment énervé mais toujours sur la corde raide. Répétitif souvent avec des structures se contentant du minimum syndical mais tout ce qu’il faut à l’intérieur pour faire mal et aimanter. Mark Spinks possède toujours le riff juste, l’arpège qui écorche, excite le tendon ou attendrit la corde sensible. Et quand il faut rendre une copie encore plus riche et bruyante, un second guitariste vient en appui avec deux invités (Matt Kennedy et Brent Summerton) sur presque la moitiés des compos. Ou un saxophoniste (Sean «Dr Rock» Tracey) sur un Don’t You Know magnétique.
Un album qui souffre peut-être d’un trop plein de compos. Seize, c’est beaucoup surtout que l’esthétique reste assez similaire d’un titre à l’autre. Mais pris indépendamment, chaque morceau a une tête de gagnant comme Long Distance Drive, Circus Sideshow, Justify ou Hangover. Gravel Samwidge a tout du secret bien gardé dans la vaste Australie. Complaints possède tous les atouts nécessaires pour les mettre en très bonne place sur la carte du rock.

SKX (05/05/2021)