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The Flying Luttenbachers
Negative Infinity – LP
ugExplode/God records 2021

Negative Infinity est le quinzième album de The Flying Luttenbachers. C’est le groupe qui le dit. Personnellement, j’arrête de compter. The Flying Luttenbachers est éternel et nous enterrera tous. Trente années que ça dure. Et même avec des pauses, Weasel Walter, seul maître à bord depuis le début et compositeur en chef, n’est pas du genre à mollir. Il s’était fait plaisir sur le précédent album Imminent Death. Il revient à plus de classicisme, si jamais ce terme signifie quelque chose pour un groupe si singulier, reprend le fil de ce que Weasel Walter définit comme étant du Brutal Prog avec son sens de la formule qui claque comme son coup de baguette (je vous la fait en français) : c’est de la musique progressive pour l’apocalypse, pas pour votre oncle.
En réalité, j’ai toujours trouvé The Flying Luttenbachers inclassable ou alors la catégorie extrême et radicalité, ouragan dévastateur sur l’échelle de Beaufort. Negative Infinity est de cette trempe.
Pour cette nouvelle offrande, Walter s’est entouré de Matt Nelson qui était déjà au saxophone ténor sur les deux albums du retour. L’inusable Tim Dahl (Child Abuse) reste à la basse. Du coté des têtes nouvelles, Katie Battistoni se pointe à la guitare (droite) et Sam Ospovat (Enablers) prend la place derrière la batterie, Walter optant étonnamment pour la guitare (gauche). Ce n’est pas la première fois que Walter s’occupe des six cordes. C’est un multi-instrumentiste émérite, il a même occupé tous les postes sur certains albums des Luttenbachers comme Incarceration By Abstraction mais il n’avait pas le choix car il était seul de chez seul pour mener à bien son groupe.
Mais ceci ne change rien à l’affaire. C’est dur, intense, ça va à fond la caisse avec des explosions toutes les quatre secondes, des millions de notes qui vous assaillent de toutes parts, une orgie cataclysmique enivrante, des titres qui vous laissent à bout de souffle comme Mass Manslaughter, Ma’am et assez courts pour du Flying Luttenbachers sauf quand il s’agit de la dernière compo, le sidérant On The Verge Of Destruction où le quintet nous fait la totale sans taxe supplémentaire. Dix-neuf minutes contrastant avec les cinq autres morceaux allant droit au but d’un Flying Luttenbachers qui n’avait jamais été aussi concis, féroce, cinglant, esprit no-wave si cher à Walter avec le sens de la terre brûlée et tes oreilles pour pleurer. Et au milieu, A Depraved Heart pour faire saigner ce qu’il te reste de sentiments les plus misérables. Car Flying Luttenbachers a l’outrecuidance de non seulement pousser ton pauvre corps chétif dans ses retranchements, de faire suer ton physique de baltringue mais aussi de l’amener dans un questionnement incessant sur sa présence qui n’est pas que poussière parmi les poussières dans le grand ordonnancement de l’univers mais te donne la force de croire en une vie meilleure. Je vais aller prendre une tisane. Alors plus que jamais, The Flying Luttenbachers for ever.

SKX (24/10/2021)