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Frana
Disastersss – LP
Antena Krzyku/Day Off/Sonatine Produzioni/Taxi Driver/Santa Valvola/Progetto Cervo records 2020

Qu’il est bon de retrouver un groupe comme Frana. L’assurance d’être entre de bonnes mains, l’amour du travail bien fait, plaisir d’offrir, joie de recevoir. Malgré le renouvellement de la moitié du quatuor italien avec l’arrivée d’un nouveau guitariste et d’un nouveau batteur, Frana garde intact sa ligne de conduite magnifiquement tracée sur son premier album Awkwardwards. Une synthèse de ce qui se fait de mieux dans les différents courants du noise-rock que Frana réinjecte dans des morceaux à la la classe infinie, la nervosité gracile et l’allant qui ne se dément jamais. Tout en restant suffisamment tendu et farouche pour que ça écorche et ne coule pas trop facilement dans les veines, donner l’envie d’approfondir des mélodies ne se dévoilant qu’en démaillotant les fines structures patiemment construites.
Disastersss avec plein de s à la fin. Ce n’est plus du pluriel, c’est une vague d’emmerdes qui, c’est bien connu, vole toujours en escadrille. Frana ne cherche pas à les éviter. Le groupe désormais établi à Milan joue avec, vit avec et rebondit sur la face cachée de l’ennui et du malheur en les transformant en de valeureuses bouffées d’oxygène, s’échappe d’un monde sur lequel il n’y a rien à attendre et compte sagement que sur lui pour s’en tirer, s’aménager un espace dans lequel pouvoir se débattre en laissant autant que possible les angoisses à la porte.
Frana fait preuve d’un bel aplomb pour marcher sur les pas d’un rock aussi bruyant qu’émotionnant, ne pas (trop) calculer quitte à chanter parfois un peu faux à la limite de la rupture, faire preuve de finesses et de sentiments sans chercher à embellir mais durcir quand il faut c’est à dire à peu près tout le temps, conjuguer Hoover et Hot Snakes, Drive Like Jehu et Arcwelder, tout un pan du rock noisy US que Frana assume fièrement pour le confronter à sa propre vision. Les deux guitares se démènent sans forcer pour trouver une multitude d’accords rutilants et figurer en tête d’un disque qui leur doit beaucoup. Un second album aux compos travaillées sur du velours, haletantes, naviguant entre saines et évidentes rafales comme du Ventura à qui Frana fait souvent penser et titres plus posés et poignants (Get Scurvy ou Greasy Ponds) jusqu’à un plus étendu Herpes Zoroaster n’arrêtant pas de ricocher sur les parois d’un rock décidément parfaitement agencé et maîtrisé. Avec un amusant clin d’œil à Joy Division sur l’ultime compo mais uniquement pour le titre, Loans Will Tear Us Apart parce qu’il vaut mieux rire de tout ça, de tous ces désastresss derrière lesquels vous mettrez ce que vous voulez. Tant que vous écoutez et appréciez ce superbe album, ça sera après moi le déluge.

SKX (01/02/2021)