desolat
bloodshed666


Desolat
Songs Of Love In The Age Of Anarchy – 12’’
Bloodshed666 records 2020

Des chansons d’amour en provenance d’Autriche (Vienne), quand on s’appelle Desolat et que l’époque est au gros bordel, ça donne une drôle de valse. Il faudra donc repasser pour le romantisme. Oui, nous ne sommes pas à un cliché près et Songs Of Love In The Age Of Anarchy s’en amuse aussi sur un picture disc signé Lisl Matzer reprenant les poncifs et symboles de la vie autrichienne pour mieux les détourner.
Cinq chansons de malaise, de crocs dévoilant une sombre colère et d’envie circulaire de distribuer des mandales. Le cadre est sludge, metal, hardcore, noise, bref tout ce qui est synonyme de grondements, de lourdeur, d’agressivité bien placée, de saletés d’une grosse densité qui s’écrasent d’un bloc à l’instar d’un son colossal et de lenteur aussi parce que le trio Desolat aime prendre son temps pour infliger la raclée. Tout ça pourrait sonner également affreusement cliché et rappeler une ribambelle de groupes alimentant ce bal qui en a vu défiler des prétendants. Desolat n’échappe pas à la routine mais rajoute sa propre petite graine avec une dimension émotionnelle prenant souvent la forme de samples comme celui sur Dreams Of Slaughtered Yuppies Under Starlit Night Skies avec le dialogue d’un film français dans lequel on pige pas grand-chose à part les mots résistance et fascisme qui reviennent souvent. C’est alors vers les voisins tchèques de Lvmen que les regards se tournent. Cependant, Desolat est définitivement plus punk et méchant bien que le trio s’en tire mieux quand il prend le temps de s’épancher et se faire poignant au lieu des attaques plus viriles, carrées et convenues. Desolat est alors capable de riffs pertinents et juteux, de bastonnades rythmiques épiques et de donner du relief et du sentiment à une musique qui cultive autant la tradition qu’elle essaye de la pervertir. Les clichés ont la vie dure mais Desolat est sur le bon chemin pour leur pourrir l’existence.

SKX (09/05/2020)