cooljerks
nightversusday


Cool Jerks
England – LP
Night Versus Day records 2020

No way forward for us now in England / We wear our ignorance with pride in England / No hope for the masses now in England / We wear our ugliness with pride in England. Bienvenue chez Cool Jerks. Et éventuellement en Angleterre aussi. Le premier album du groupe de Leeds est étonnamment appelé England et leur cher pays va en pendre plein sa race. Surtout si Boris Johnson est ton ami, que tu es un gros connard de patron qui a des oursins dans les poches, que tu penses qu’à ta petite gueule et que le Tyrol est une magnifique région à visiter avec des chemises brunes dernier cri. De désespoir il va de soi.
Un groupe qui déclare s’être formé en réaction à une décennie de décadence de la société britannique. C’est avec un humour noir, caustique, sans prêchi-prêcha et sans la guimauve d’un Idles que Cool Jerks revendique un hardcore qui a mis du post-punk dans la bataille. Comme un Bad Breeding en moins pitbull, avec du discernement, de l’espace, la cravache dans une main, la bride dans l’autre. England avance au pas affirmé mais pesé du mec qui sait que l’heure de la revanche finit toujours par arriver. C’est un coup de jeune sur Crisis, option teigne et châtaigne. La basse sait ce que veut dire prendre ses responsabilités et son rôle stimulant est parfaitement assumé. Mais c’est la guitare qui plante les crocs, qui fait qu’on mord ou pas dans le morceau et vu le nombre de ses estocades réussies et aiguisées, pas un des douze titres de England ne passe à la trappe. C’est sans doute un peu trop homogène sur l’ensemble mais ces compositions possèdent une indéniable férocité contagieuse avec ce brin de retenue qui donne une certaine élévation et de la consistance sur la longueur, une vibrante pudeur dans le dernier geste et ces riffs justement, souvent inspirés, permettant de distinguer chaque pétard déclenché par Cool Jerks. De brèves mèches allumées par des musiciens avançant au cordeau, frappant juste sans laisser de gras et attisées par les postillons virulents d’un chanteur à l’œil goguenard. L’Angleterre a peut-être de la merde sous les semelles mais elle sait toujours enfanter de satanés bons groupes qui feront tout en retour pour la rendre un peu plus vivable.

SKX (01/03/2021)