choir
araki


Choir
Hyatus – CD
Isca Riot/Araki records 2021

Choir pour chuter, s’écrouler pour la version française ou la chorale pour la traduction anglaise. Comme c’est un groupe parisien, optons pour la première explication. Et pour la musique, plusieurs interprétations sont également possibles. Le groupe, non sans humour et pour couper l’herbe sous le pied de vieux grincheux dans mon genre, appelle ça du post-rock pas chiant. Mais là, ça heurte ma sensibilité car j’ai du mal à imaginer ces deux qualificatifs sur un même plan. C’est comme dire qu’il existe du doom rapide et festif, que ça chante comme un Mike Patton minimaliste et que c’est honnête comme un garagiste. Choir ne s’arrête pas là et énumère sur son site de nombreuses autres tentatives de description avec même une liste de groupes comme plausibles influences dont aucune ne colle véritablement. C’est plutôt bon singe et surtout suffisamment large pour se contenter et résumer prosaïquement ce premier album par un rock instrumental assez libre d’aller où il veut. Vive le consensus mou.
La seule certitude, c’est l’absence de chant. Pour le reste et toute l’infinie étendue, Choir dispense de fortes effluves aussi élégantes que nerveuses, des attaques noisy proches plus d’une fois de casser comme du verre, des enroulements autour d’un point central ne tournant pas en rond mais s’élevant vers des espaces aussi légers que tumultueux et séduisants, des complexités sans obstacle pour servir la richesse d’un jeu rythmique et de deux guitares cherchant constamment la complémentarité, les échappées belles, l’émoi, le souci de la mélodie qui n’est jamais plus convaincante que quand elle se pare d’une tension accrue et une dureté renforcée (comme le début de Guère Pire possédant de nombreux reliefs et le trépidant Toadie) par rapport à des passages plus planants, doux ou mélancoliques, notamment sur Sud-Ouest. Avec dans le lot de sept titres uniquement, une compo qui se démarque, au charme aussi rétro que son titre (Fructidor), avec la présence centrale d’un piano pour un parfum fin de siècle et étrangement envoûtant. C’est aussi subtil que percutant et virevoltant, preuve supplémentaire du très beau savoir-faire dans l’agencement et le dosage des multiples inclinations traversant Hyatus. Choir prend le contre-pied de son patronyme et nous entraîne vers le haut. Une première remarquée.

SKX (18/05/2021)