alphahopper
hex


Alpha Hopper
Alpha Hex Index – LP
Hex records 2020

Troisième album pour Alpha Hopper et comme l’impression que rien n’a bougé depuis le précédent Aloha Hopper. Ce qui est en soi une très bonne chose tant ce disque avait divinement flingué les neurones. Et pourtant, il a fallu un peu plus de temps pour rentrer et infuser totalement dans le noise-rock acide du groupe de Buffalo. Alpha Hex Index continue de balancer un jus sulfaté identique attaquant l’acier le plus indomptable mais un truc dans l’air avait légèrement changé. Comme si Alpha Hopper jouait dans un registre encore plus aigu, que le chant de Irene Rekhviashvili tapait vraiment sur le système ou que des sonorités synthétiques plus abondantes court-circuitaient le pouvoir absolu des deux guitares. Sans oublier les trois interludes sci-fi qui coupent les pattes.
Un disque enregistré pendant la peste et le choléra. Un poison est un poison. Alpha Hopper reste Alpha Hopper. Les démangeaisons ne tardent pas à débarquer. Les yeux se révulsent. La crise d’épilepsie guette. Alpha Hex Index arrive à vriller encore plus profondément le cerveau, planter un dard dont la pointe se fiche pile entre le plaisir et le sadisme. Le chant façon Melt-Banana couine, agace, excite. Les deux guitares s’éloignent du champ magnétique de Arab On Radar et rivalisent de riffs aiguisés et tordus à l’essence sauvagement rock’n’roll. Et le batteur n’est pas là pour faire trémousser les foules et s’épancher dans un groove libidineux. Ça cogne sans rigoler et plutôt deux fois qu’une. Et comme le poison se répand lentement mais sûrement parce que la nature sera toujours plus forte que toi, Alpha Hex Index, sous ses allures violacées hurlant comme un damné, révèle au final des morceaux frénétiquement accrocheurs, à l’appétence mélodique qui ne dit pas son nom et fortement séduisants pour t’entraîner dans un tourbillon infernal au puissant nectar déboussolant. Mille lances te ciblent et sont prêtes à transpercer ta petite cervelle de moineau et tu ries à la lune. Alpha Hopper a encore réussi son coup. On était prévenu mais ce groupe a un fichu talent de psychopathes méticuleux pour asseoir sa suprématie sur un lit de vipères et broder des titres exquis dont tu bois le venin avec délectation. Un disque de noise-rock auquel il ne faut pas avoir peur de se frotter car sous sa carapace piquante, c’est du velours.

SKX (16/03/2021)