aerosoljesus
sludgelord
blackvoodoo


Aerosol Jesus
Survive – 12’’
Sludgelord/Black Voodoo records 2021

Survivre parce que beaucoup d’entre nous ne font que s’en sortir comme ils peuvent. A tout point de vue. Et pas uniquement en période de pandémie mondiale. Survive est le second EP des Anglais de Bristol qui répondent à l’étrange nom de Aerosol Jesus. Cinq titres, cinq mots qui une fois alignés forment la phrase Cowards Survive Others Just Drown. Les lâches survivent, les autres se noient. Ça ne respire pas la joie de vivre là-dedans. Rien que ce disque a connu tous les malheurs du monde pour voir le jour. Le groupe l’a appelé le disque maudit. Des échecs avec des labels, des erreurs sur le test-pressing, des coursiers qui s’accidentent alors qu’ils livrent les vinyles du groupe et bien sûr, un virus qui retarde et complique tout. Ça sent le chaos et effectivement, ce disque, c’est Beyrouth, il faut tout reconstruire.
Et pour ça, Aerosol Jesus suit son propre programme de restauration. Assemble à sa guise des éléments aussi nombreux que disparates. Noise-rock, sludge, metal, post-hardcore, screamo, doom, voir ambiance spoken-word sur Just, Aerosol Jesus pulvérise à tout va, son appétit semble insatiable mais il arrive à ne jamais frôler l’overdose, ne donne jamais l’impression de s’éparpiller aux quatre coins de l’exubérance. Au contraire, bien aidé par la diversité des approches vocales de Oli Melville (à qui on doit aussi la pochette), Survive se distingue avant tout par l’émotion suintant à travers tous les accès de violence des morceaux, par le souci de poser une réelle atmosphère magnétique et lancinante derrière l’agressivité générale et par une certaine singularité à échafauder des compos où s’entrechoquent des sentiments contradictoires et n’obéissant qu’à une logique appartenant à Aerosol Jesus. Vous croyez tout connaître, avoir tout entendu mais subsiste un subtil décalage dans cette musique, une capacité à flirter avec de très nombreux codes archiconnus et élaborer sa propre alchimie. Le quintet (dont un membre de Pascagoula avec qui il est possible de tirer quelques comparaisons) varie les angles d’attaque sans se perdre, change de tonalité au sein d’un même titre, met de la lourdeur et du coeur, du massif dans lequel s’infiltre un truc à fleur de peau et invite Tanya Byrne (Bismuth) sur Drown pour électriser encore plus les foules. La touche finale se nomme Wayne Adams qui a englobé tout ça de sa main de maître habituelle pour faire de Survive un disque où Aerosol Jesus s’en tire plus que bien et s’annonce très prometteur.

SKX (03/09/2021)