zoikle
redwig


Zoikle
s/t – LP
Tractor Notown/Red Wig records 2020

C’est un disque qu’on attendait plus. Parce qu’en fait personne ne l’attendait. Qui se souvient encore de leur premier et unique disque avant cet album publié en 2012, un single qui n’a imprimé aucune rétine ? Et pourtant, un illustre personnage sévit dans ses rangs, un certain G.W. Sok. Ce single aura donc une suite et ce groupe une histoire. Qui n’en est pas vraiment une. Cet album est en fait un recueil de demos and memos from between late 2010 and mid 2013. Et mon tout forme bien plus qu’un ramassis de fond de tiroir. Zoikle a retravaillé ces morceaux, fait des ajouts, mixé et remixé et quatorze titres s’étalent sous vos yeux. Une violoncelliste (Nina Hitz), un guitariste (Lukas Simonis), un batteur (Cor Hoogerdijk). La formation n’est pas classique et ainsi est Zoikle. Un groupe se promenant avec charme sur les lisières de musiques atypiques et décalées dont il est tout de même possible de dégager une source centrale qui aurait pour nom The Ex. C’est dit au hasard bien sûr. Comme c’est tout à fait par inadvertance que le violoncelle rappelle à plusieurs occasions la vista du regretté Tom Cora et ses deux disques collaboratifs avec The Ex, créant ainsi une ambiance aussi enlevée que frénétique ou intensément mélancolique. Les cordes du violoncelle se marient à merveille avec celles de la guitare créant un dialogue enlevé et piquant. La batterie affiche aussi un groove singulier et inventif. Les structurent se tordent, plient mais ne rompent pas, souples et entraînantes. Le cadre est impressionniste mais le noyau est subtilement solide. Un axe déviant autour duquel file le vent avec plein de trépidations, voir une rythmique en mode marteau-piqueur sur 4Q, des stridences, des dissonances élégantes qui n’empêchent pas d’élever le niveau de bruit pour notre plus grand bonheur d’un enregistrement aussi léger que mordant, ludique et acide. Des mélodies triturées surfant sur les bordures du chaos qui en met plein les esgourdes (Sit In The Sun, City Of Shame ou Waiting). Des samples, des triturations, des interventions impromptues rimant avec accident qui sont tout le sel de ce disque imprévisible dont chaque morceau semble une aventure à part entière, y compris Shouting/Moon, énième version d’un titre qui a déjà orné les albums de Cannibales & Vahinés ou King Champions Sounds. Et avec le chant de G.W. Sok toujours aussi parfait de justesse et de mots qui ne font pas de cadeaux dans leur poésie politisée, Zoikle a bien fait de repointer le bout de son nez et exhumer et fignoler ces bandes qu’il aurait été vraiment dommage de laisser à l’ombre.

SKX (28/11/2020)