xetas
12xu


Xetas
The Cypher – LP
12XU records 2020

Le troisième album de Xetas débute avec un court riff sonnant très Big Black sur The Doctor mais le trio d’Austin n’a pas changé son fusil d’épaule. Il sulfate le punk-rock d’une bonne couche de noise avec des refrains mémorables. L’école Leatherface et Hüsker Dü est leur meilleure amie avec une approche plus biscornue et de nombreuses aspérités dans les commissures.
The Cypher clôt une trilogie où tous les titres d’albums comme ceux des morceaux commençaient par The avec The Redeemer en 2015 et The Tower deux ans plus tard. C’est ainsi, comme pour marquer la fin d’un chapitre, que le batteur Jay Dilick s’est fait la malle en début d’année. Et rien ne vaut le départ d’un batteur pour flinguer une tournée aussi sûrement qu’une pandémie alors que Xetas s’apprêtait à partir dans la foulée pour promouvoir la sortie de The Cypher. Heureusement, David Petro (guitare, chant) et Kana Harris (basse, chant) ont trouvé l’antidote. Une bonne vieille boite à rythmes. Jamais malade, jamais soif, infaillible. Et alors que Xetas avait trouvé un nouveau batteur (Sheena McGrath) pour avril, la deuxième tournée a été annulée pour les raisons que vous savez. Et là, pas d’antidote.
The Cypher ferme donc la boucle et il était peut-être temps. On retrouve toute la verve mélodique et la hargne des albums précédents sur une poignée de morceaux très réussis comme The Doctor, The Hierophant, The Cypher ou le pugnace The Martyr avec ce mélange idéal entre l’intensité féroce du chant masculin de Petro contrebalancé par des lignes plus mélodieuses de la bassiste Harris avec les chœurs du batteur démissionnaire. L’envie de reprendre avec eux des refrains accrocheurs tout en brandissant le poing en l’air.
Mais l’album semble manquer de souffle sur la longueur et d’une inspiration générale en berne, symbolisé par les deux titres concluant chaque face, The Witness et The Mariner, soit respectivement un instrumental poussif qui finit par tourner en rond et l’exploration d’une facette plus pop et détendue qui me donne envie de manger un scout mort au fond d’un bois. Et puis des compos qui tendent à devenir banals quand les accroches mélodiques sont absentes, des détails qui chiffonnent comme un chant moins assuré, un solo de guitare encombrant, des sonorités plus autant abrasives et propices à mettre le feu à un punk-rock-noise si incendiaire auparavant. Fin d’un épisode, futur incertain mais Xetas n’en garde pas moins toute notre estime et on les attend au rebond.

SKX (09/04/2020)