thewilfulboys
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The Wilful Boys
Life Lessons – LP
Homeless records 2019

Les leçons de vie des Wilful Boys sont sauvages et vachement rock’n’roll. De quoi l’écourter cette chienne de vie largement avant la retraite. Ton âge pivot de 64 balais, The Wilful Boys en rigole et te le met profond. C’était déjà le cas avec leur précédent album Rough As Guts. C’est encore plus déraisonnable avec cette nouvelle rasade de ce groupe mi-américain mi-australien et basé à New York.
The Wilful Boys n’est pas du genre à s’attarder dans les préliminaires. Ça fonce dans le tas direct, ne relâche jamais la pression, en fait voir de toutes les couleurs, secoue dans tous les sens, fait augmenter la température corporelle, te transforme en serpillière et à la fin, tu te sens comme un gardon, frais et prêt à recommencer. Car tout est dans la variété des postures et les différents angles de tir.
Si Life Lessons est au pluriel, c’est parce que ces garçons ont plus d’une corde à leur arc pour infliger la punition. Le rock, The Wilful Boys l’agrémente à plusieurs sauces, à chaque fois fortement relevé certes, mais aux épices variées. Hardcore, noise, punk, frontal, à brides abattues avec un arrière-goût à l’ancienne (Der Brain, Head Check), finement ralenti (Bad Guy), subtilement mélodique (Management), habilement contrasté (les accélérations mortelles de Waiting et son mid-tempo tendu) ou magnifiquement répétitif avec plein de soubresauts à l’intérieur dans une longueur inhabituelle (les cinq minutes et quelques de Both Ends) alors que généralement, Life Lessons s’inflige en moins de trois minutes criminelles.
Un groupe qui porte la crasse naturellement, sublimant leurs bas instincts, donnant de la consistance à leurs chevauchées brutales et rocailleuses fourmillant d’excès. Chaque morceau est exécuté comme si leur vie en dépendait. La rage au corps mais les idées claires, le chant du batteur suintant d’angoisse et de dépit, les riffs trépidants s’abîmant dans des soli faisandés de guitares qui n’en peuvent plus et sur le point d’exploser, un son de basse taillé dans le calcaire. Douze compos urgentes et fières d’un groupe sachant parfaitement comment fabriquer des cocktails molotovs, des amours d’armes incendiaires qui font cramer autant les guibolles que le ciboulot, des classiques déviants alimentant le flambeau se passant de main en main depuis The Saints à Killdozer, de Stooges à toute une fraction historique du rock australien. Du rock, du punk-rock, du vrai, bruyant, dérangeant, mal léché, turbulent et terriblement accrocheur, confirmant l’énorme potentiel d’un groupe qui nous avait déjà mis sur les genoux avec leur précédent disque. Putain de leçons qui donne envie de brûler la vie sans rien attendre en retour.

SKX (06/01/2020)