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The Whip
s/t – LP
Wäntage USA records 2020

La première phrase du texte très touchant de Jared Warren sur l’insert explique brutalement et tristement le pourquoi de ce disque qui n’aurait jamais dû voir le jour en 2020. The Whip stopped being a band the day Scott Jernigan died on June 10, 2003.
The Whip est né durant l’hiver 2001/2002. Jarred Warren (basse, chant) a proposé à Scott Jernigan (batterie), son pote d’enfance et ancien compère dans Karp de reformer un groupe comme au bon vieux temps. Joe Preston (Melvins, Thrones et des tonnes d’autres projets) a rejoint la paire en abandonnant sa fidèle basse pour se mettre à la guitare et au chan. The Whip allait pouvoir tout ravager sur son passage avec un maximum de bruit et de fun. De cette époque, un seul disque a été publié. Un single, Freelance Liaison / Sheep And Goat Judgement sur Wäntage USA en 2003. Et puis ce fût le drame.
Dix-sept ans plus tard, The Whip s’offre un testament avec tout ce que le trio avait eu le temps d’enregistrer. Les deux morceaux du single bien sûr mis en boite par Justin Trosper (guitariste-chanteur d’Unwound) plus cinq autres titres enregistrés par Joe Preston (dont trois étaient programmés pour figurer sur un single) et quatre morceaux extraits d’un concert à Olympia en 2003. Voilà comment modestement fermer la boucle d’une histoire arrêtée en plein vol.
Et qui était pleine de belles promesses à l’écoute de l’introductif Everybody Deserves To Eat. Un titre, tout comme la musique de The Whip dans son ensemble, qui doit beaucoup à Karp. Une charge punk-noise épique aussi fabuleusement lourdingue et sans gras qu’abruptement mélodique avec Jernigan déchaîné derrière ses fûts et un chant ne demandant qu’à être accompagné en hurlant avec la meute, poing levé en se cassant la nuque en deux pour ce qui aurait constitué à l’époque le morceau phare d’un putain de bon single. Il n’est jamais trop tard. Surtout que les deux autres compos prévues sur ce single, Day To Day Database et All The King’s Horses, sont aussi sauvagement jouissifs et raclent les fonds de casseroles sans laisser la moindre trace de crasse. Les deux titres du single paru en 2003 abondent également dans ce sens avec du riff qui taille dans lard et ne fait pas de quartier. Rien que pour ces cinq titres, ce testament a bien fait de ressortir des tiroirs. Le reste est plus anecdotique bien qu’entendre The Whip reprendre Queen (Stone Cold Crazy) et Tubeway Army (My Shadow In Vain) vaut son pesant de saccages et poilades. Quant aux quatre titres live, deux sont réellement inédits et possédaient des têtes de gagnants (Pratfalls et Demon Believer), les deux autres étant Everybody Deserves To Eat et Day To Day Database. Mais la qualité du son ne donne pas envie de s’y attarder plus que ça bien que les versions de ces morceaux sonnent bien furieuses et intenses. Cela ne fait qu’aviver le regret de ne pas avoir pu assister à un concert de The Whip qui n’aurait fait que confirmer le dicton qui dit que si c’est trop fort, c’est que t’es trop vieux. The Whip, jeune et invincible pour l’éternité.

SKX (07/05/2020)