sweetwilliams
gringo
|
Sweet
Williams
Where Does The Time Come From LP
Gringo records 2019
Troisième album de Sweet Williams ou, devrais-je dire, troisième
album de Thomas House. Trois ans après Please
Let Me Sleep On Your Tonight qui voyait Sweet Williams évoluer
comme un groupe à part entière, Thomas House revient en
configuration solo comme à lépoque du premier album
Bliss en 2011. Les membres dun groupe qui se sont fait absorber
par le fardeau de la vie. Un autre pour qui de toute façon Sweet
Williams était le bébé et, plutôt que perdre
de lénergie à trouver du nouveau personnel, a préféré
aller de lavant en jouant de tous les instruments pour composer
les dix morceaux de Where Does The Time Come From.
Un troisième album ne sonnant pourtant pas comme une musique en
solitaire, ne possédant pas le caractère intimiste de Bliss
qui comportait de nombreux titres avec seulement du chant et une guitare,
électrique ou acoustique, et encore moins ses nombreux enregistrements
publiés sous le simple pseudo de T House. A
peine peut-on avancer que Where Does The Time Come From miroite
dune aura plus minimaliste et personnel avec des compos épurées
comme RF, le crépusculaire et très touchant Two
Golden Sisters et dun jeu de batterie en général
plus économe.
Pour tout le reste, Sweet Williams reste cette splendide mécanique
slow-core, mélancoliquement tendue, âprement poignante. Je
ne sais pas doù vient le temps mais il est plus aisé
de savoir doù vient musicalement Sweet Williams. Slint, The
For Carnation, Codeine, Rodan mais aussi toute cette école emo
de chez Dischord comme Hoover et Crownhate Ruin, tous ces groupes qui,
une fois traversés lAtlantique, et arrivant dans des mains
anglaises expertes, se transforment, sadaptent, se personnifient
et se subliment en se frottant à la nature locale, à la
grisaille fataliste et ce flegme tout en apesanteur qui donne du recul
sur le désespoir latent environnant. Thomas House a accouché
de mélodies sobres, belles, collantes comme un songe quon
ne veux pas quitter, comme une chute bienveillante avec ce chant sur Very
Long Division semblant avoir été enregistré à
la mauvaise vitesse, au ralenti, et avec ce quil faut de rudesse,
darpèges cinglants, dune basse bourdonnante, de dissonances
qui sintensifient (Ride A Gold Snail) pour former un album
qui réchauffe, apaise et quon va encore chérir jalousement
comme sil avait été fait que pour soi.
SKX (07/01/2020)
|
|