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Radar Men From The Moon
The Bestial Light – LP
Fuzz Club records 2020

Radar Men From The Moon était tombé dans notre collimateur l’année dernière lors d’un split single avec Årabrot. Il était temps. Ce groupe hollandais avait déjà publié sept albums depuis 2011. Par contre, la découverte à rebours des précédents disques n’avait rien eu d’emballant. Une formation noyée entre space rock au long cours, psychédélisme plus fumeux que transportant et electro expérimentale plus ou moins sombre. Le choc à l’écoute de The Bestial Light est d’autant plus rude.
Un groupe réputé pour changer de style à chaque album. Ce qui est relativement inexact car on le sent bien le fil conducteur, dans ces morceaux qui s’étirent, cherchent la transe et instaurent des climats étranges. Mais avec The Bestial Light, Radar Men From The Moon (aka RMFTM) est passé dans une dimension autrement supérieure et mérite amplement sa réputation.
Pour arriver à ses fins, les Hollandais qui ont été en trio pendant longtemps avant de passer à quatre sont désormais six. Un second batteur et un chanteur viennent d’être recrutés. Et ce dernier est particulièrement significatif puisque RMFTM a toujours été un groupe instrumental.
Tu la sens la chape de plomb qui va s’abattre ? Direction la face cachée de la lune, explosion de la matière, densification de la masse noire, la musique de RMFTM est devenue sacrément intense et urgente avec ce chant sur les nerfs, bien plus dure et violente, encore plus ténébreuse, abandonnant les sphères brumeuses pour un territoire noise, rock et hautement rythmique. Il peut être encore question de psychédélisme mais à la sauce Gnod ou Terminal Cheesecake avec une bonne rasade de cauchemars.
Une musique qui hypnotise par la sourde puissance qui en découle, par les deux batteries martelantes, obsédantes, répétitives, fracassantes, par une basse qui ondule méchamment, par les riffs corrosifs et par les sauvages soubresauts qui cassent en deux. Quand le titre d’ouverture Breeding accélère subitement au bout de trois minutes quarante, l’incendie est déclaré et il ne va plus s’arrêter. RMFTM a raccourci son propos pour gagner en impact et il est foudroyant. Sauf sur les huit minutes du morceau qui a donné son nom à l’album, un magistral Bestial Light qui met crescendo la tête dans l’étau et sous la coupe d’une rythmique guerrière et implacable. Par contre, sur Piss Christ (même les titres s’imprègnent de cette nouvelle colère qui les habite) ou Eden In Reverse, nos nouveaux hollandais préférés lâchent tout ce qu’ils ont dans le bide, le chanteur (Harm Neidig) notamment qui hurle tout ce qu’il peut. C’est beau à entendre, formidablement prenant, au point d’évoquer la foudre d’un Slug, c’est dire.
Mis à part sur Sacred Cunt Of The Universe (là encore un titre très poétique) ou Levelling Dust plus mesurés mais tout aussi (joliment) flippants, The Bestial Light est une machine très remontée et contestataire qui se met au diapason de son époque, une envie nouvelle d’en découdre, un tapis de rythmes, de bruits, de fracas s’entrechoquant dans des compos abrasives et haletantes. Radar Men From The Moon se positionne sur un magnifique orbite. Masterpiece.

SKX (05/07/2020)