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Old Man Gloom
Seminar IX: Darkness Of Being – LP
Profound Lore records 2020

Old Man Gloom avait déjà fait le coup six ans auparavant avec The Ape Of God. Sortir deux albums simultanément. Dans deux pochettes ressemblantes mais différentes. Et des morceaux bien à part. En 2020, la feinte marche toujours. Seminar VIII: Light Of Meaning est aussitôt suivi de Seminar IX: Darkness Of Being, neuvième album fabriqué dans un moule identique. Caleb Scofield continue d’être crédité, son ombre plane et il est responsable d’un titre, In Your Name. Et c’est un label canadien, Profound Lore, qui le réalise car, comme le dit avec sarcasme le sticker, no record label in Trump’s America would let a Mexican drummer take a job from hard working heavy metal voters.
Santos Montaño et sa bande continuent de pilonner durement les tympans des fachos, des antifas et tout ce qu’il y a entre les deux. Avec un bonheur inégal. Old Man Gloom ne déroge pas de son procédé habituel entre coups de boutoir monstrueux et ambiances tapissées à l’encre électro avec des sonorités malsaines et autres triturations retorses. Sauf que les moments qui grésillent et grouillent tels des insectes nauséabonds sont encore plus longs et ennuyeux, à l’instar de tout le début de Canto De Santos qui prend vraiment son temps pour décoller ou In Your Name pour atterrir. Et la ballade Dead Rhymes semi-acoustique, semi-folk mais complètement ringarde au milieu de l’album n’arrange pas les affaires d’Old Man Gloom.
Darkness Of Being avait pourtant furieusement commencé avec le rouleau-compresseur Procession Of The Wounded, répétitif jusqu’à l’étouffement et son gimmick de piano trépidant final très bien vu. Heel To Toe, assez direct et à l’accent stoner et The Bleeding Sun avec sa mélodie avenante, alerte et étonnement mise en valeur pour du Old Man Gloom contrastant avec le chant d’homme des cavernes d’Aaron Turner mettaient ce disque sur de très bons rails. Ce que confirmait Canto De Santos malgré un début à rallonge car la suite de ce titre de dix minutes raffûte dans tous les angles, une violente charge en avant, un surplus d’adrénaline et de vitesse qui effaçait sans problème les poncifs initiaux.
Mais ce disque est également sujet à des passages plus laborieux. En gros, toute la face B. Outre le lénifiant Dead Rhymes, In Your Name est loin de tutoyer les étoiles tout au long de douze minutes débutant en faisant forte impression avant que des parties de guitare et des simili solo viennent gâcher la fureur du propos s’étiolant dans une longue désintégration bruitiste et une fin balourde. Et pour conclure, Love Is Bravery laisse un goût mitigé en bouche, séduisant de loin mais aussi plaintif et semblant tourner en rond. Seminar IX, un cru à plusieurs vitesses avec de grands moments de bravoure et une tenue générale qui l’emporte sur les épisodes plus douteux de la part d'un groupe hybride qui reste passionnant.

SKX (28/06/2020)