meth
prosthetic


Meth.
Mother Of Red Light – LP
Prosthetic records 2019

Meth. est un collectif de musiciens de Chicago dont les sources musicales sont multiples. Mais il est possible de regrouper tous ces courants sous les termes de punitif, oppressif, ne pas chercher à faciliter la vie et les relations sociales.
Six personnes sont listées dans ce collectif noise expérimental mais seulement cinq sont créditées d’un instrument dont deux chanteurs avec Seb Alvarez dans le rôle de hurleur en chef qui écrit toutes les paroles et Matthew Meifert à la guitare lapsteel et aux synthés. Le metal semble être la couleur dominante de ce premier album qui contrairement à ce qu’indique le titre Mother Of Red Light est noir de chez noir mais les teintes sont pléthore, les nuances très marquées, le style fragmenté.
Mother Of Red Light tourne autour d’un axe du mal Dillinger Escape Plan, Converge, Today Is The Day au meilleur de sa forme. Cependant, il est régulièrement traversé, secoué, infiltré vicieusement par des élans de purs bruits, des bidouilles électroniques qui écorchent, de l’indus anxiogène, des lenteurs doom funestes, une froideur mécanique à la Drose, du metalcore diabolique avec une touche de black et un chant cathartique à se rouler par terre (au sens littéral pendant les concerts apparemment) comme aux plus belles heures du screamo hardcore tout en possédant plus d’une corde vocale à son arc.
L’impression d’un disque décousu peut poindre son vilain museau, quelques rares moments de flottements et une longueur à l’instar des cinq minutes finales d’un long drone bruyant et vain sur les onze que compte The Walls, They Whisper. Heureusement, de respiration et d’air, le collectif n’en manque pas. Meth arrive toujours à recentrer le débat et retomber sur ses pattes, placer de méchantes bourrasques et d’intenses passages vindicatifs, de vrais bons morceaux prenants comme Inbred, Child Of God et Psalm Of Life ténébreusement beau et hanté. Car ce disque est loin d’être option tout baston et satanisme à corne qui essaye d’en mettre plein la vue techniquement. C’est même le contraire. Meth privilégie les ambiances, recherche des sonorités qui heurtent et des structures qui flagellent pour les mettre au service de compositions éclatées ne négligeant par l’attrait d’arpèges harmonieux et qui finissent par vous lécher l’épiderme et illuminer votre force obscure. C’est violent, angoissant, complexe, se nourrit d’éléments connus pour façonner un album cohérent, solide et enlevé pour un collectif qui a de beaux jours devant lui.

SKX (13/08/2020)