mammock

Mammock
Itch – CD
self-released 2020

C’est le genre de disque qui vous prend par surprise, une musique qui n’a pas besoin de round d’observation pour vous en mettre spontanément plein les mirettes, un groupe qui ne vient pas d’Athens dans l’état de Géorgie aux Etats-Unis comme j’avais trop rapidement lu en me demandant ainsi pourquoi les frais de port étaient si modiques mais Athènes, capitale de la Grèce. Le premier album qui n’existe qu’en CD de Mammock n’a donc pas mis beaucoup de temps pour atterrir à la maison et depuis, il réchauffe régulièrement les enceintes.
C’est également le genre de disque pour lequel il est possible d’énumérer une multitude de courants musicaux ou de groupes auxquels Mammock fait penser mais on va s’épargner ce fastidieux et vain exercice. Le maître-mot, c’est rock et il est libre de s’aventurer là où il désire. Avec une belle pointe de bizarrerie. Pas dans le sens abscons, furieusement original ou totalement givré et volant bien trop haut pour le commun des mortels. Ce n’est pas le cas. Non, c’est dans l’art d’accommoder les différentes sauces connues de tous et que le quatuor aime nombreuses, de s’affranchir des frontières en mélangeant des approches classiques et des angles déviants sans égarer l’auditeur en route, d’allier une redoutable efficacité sur des riffs saignants et des rythmiques droites se confrontant à des sonorités piégeuses et étonnantes sans corrompre sa fluidité naturelle, d’infliger de méchants uppercuts tout en restant étrangement mélodique, de changer d’humeur quand bon leur semble sans perdre le fil, de passer de voix intenses, colériques à une tonalité beaucoup plus (puissamment) chanté, d’assouvir tous leurs désirs et ce qui leur passe par la tête sans jamais en faire une musique incompréhensible et surchargée.
Au contraire, Itch aligne six compositions terriblement accrocheuses avec toujours le souci de séduire mais pas à n’importe quel prix, le plaisir de jouer, de balancer des parpaings incendiaires qui font monter en pression, d’écrire de brillants morceaux directs mais aussi ambitieux avec les deux derniers, plus conséquents et élaborés, le splendide et brûlant Inconstant State, Hot Summer et les quasi dix minutes de This Letter, grand moment de virtuosité en toute simplicité ou comment imbriquer différentes parties pour en faire un tout cohérent et sacrément enlevé.
Itch
, un disque qui fait plus que vous démanger. Une vraie addiction et un album remarquable.

SKX (03/03/2020)