lordmantis
profoundlore


Lord Mantis
Universal Death Church – LP
Profound Lore records 2019

Retour sur le quatrième album de Lord Mantis publié le 22 novembre dernier. Parce que si le black metal n’est pas votre hydromel préféré – ce qui est le cas de cette gazette – Lord Mantis sera votre exception que vous vous enfilerez pépouze et sans vaseline. Parce que Lord Mantis transcende les frontières comme une meute de migrants à la recherche d’un monde meilleur en faisant trembloter vos petits acquis durement obtenus à la sueur de compromis crasseux et d’une passivité débonnaire. Parce que Death Mask hante encore les esprits comme un sale virus que vous avez bien cherché. Parce que vous êtes ouvert d’esprit comme un anarchiste de droite. Parce qu’on fait ce qu’on veut bordel.
D’ailleurs les spécialistes du genre qui sont dans le secret des Dieux parlent de blackened sludge. C’est à dire que ça l’odeur du black metal mais que ça pue l’entourloupe et des têtes vont tomber, c’est poisseux et déviant dans le sens contraire des aiguilles indiquant trop autoritairement la marche à suivre et les limites à ne pas franchir qu’il est pourtant tellement bon d’exploser. Ce que Lord Mantis fait avantageusement.
Un disque qui sent la réunion de famille avec les motifs de brouillerie négligemment mis sous le tapis. Charlie Fell, après un détour flamboyant chez Cobalt, revient au bercail. Il claque la bise au guitariste Andrew Markuszewski qui ne l’avait pas attendu lors de Nice Teeth Whore pour poursuivre l’aventure Lord Mantis et tout ce beau petit monde se retrouve pour pleurer le suicide du batteur Bill Bumgardner en 2016 qui, sans le faire exprès, à contribuer à rabibocher les frères ennemis.
Universal Death Church
, encore plus profondément que sur les enregistrements précédents, cherche les embrouilles. Frapper fort d’entrée à la jugulaire avec le très Ministry Santa Muerte et des Us Against Us, Us Against You méchamment sifflés entre les dents et qui, à cet instant précis où l’effroi est palpable, ne laisse pas présager un seul instant que cette face A se terminera par le neo-folk Low Entropy Narcosis et ses sinistres cordes acoustiques benoîtement déployées. Le spectre sonore de Lord Mantis a de quoi foutre le feu à plus d’une sacro-sainte chapelle. Alors tant pis si Universal Death Church n’est pas aussi viscéral et démoniaque que Death Mask – mais pouvait-il pousser le bouchon du malsain plus loin ? - Lord Mantis étale encore une pleine galette de ce caractère habité et cathartique qui rend tout bizarre, cet alliage de lourdeur, de speed, de mélodies épiques, d’arrangements à la Neurosis, de la béatitude qui fait galoper sur des chevaux morts, de méchanceté gratuite et des chants du bassiste Charlie Fell et Dylan O’Toole parce qu’il faut bien être deux désormais pour pousser de telles complaintes inhumaines comme un seul homme plongé dans des tourments irrépressibles. Le virus Lord Mantis est de retour et il faudra être fort pour le vaincre.

SKX (26/04/2020)