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Laguerre/Noetinger
DnT – CD
REV. Lab./Aagoo records 2020

Anthony Laguerre fait partie de ces personnages qu’on aime bien suivre par ici, sans cesse curieux d’entendre ce qu’il va nous proposer car jusqu’à maintenant, ces projets se sont toujours montrés très convaincants, que ce soit avec Filiamotsa, Club Cactus ou l’année dernière en solo. Il s’est associé avec Jérôme Noetinger, compositeur et improvisateur de musique électroacoustique, un CV long comme le bras avec de multiples collaborations, une riche discographie dont une partie figure au catalogue du fameux label et distributeur Metamkine qu’il a crée en 1987.
Techniquement, Laguerre, c’est la partie batterie, voix, contact mic, mouth organ et harmonica. Noetinger, c’est l’utilisation de ses fidèles magnétophones Revox B77 et un dispositif electronics. Deux jours d’enregistrements en juillet 2018 au CCAM de Vandoeuvre-lès-Nancy, mis en boite par Laguerre qui a aussi mixé et mastérisé le fruit de ces travaux.
Heureusement, la musique n’est pas qu’une histoire de techniques, même les plus étranges et originales. DnT, une succession d’ambiances aussi sombres, froides et énigmatiques que la pochette noire format grande enveloppe et le design de Bas Mantel. Des portes d’entrées multiples qui se méritent. Un tissage de manipulations amplifiées, de boucles magnétiques inquiétantes, de frottements sournois répondant à des feedbacks généreux en stridences, des constructions avançant comme des insectes mutants aux parcours aléatoires, instables et semés d’embûches. Les plages peuvent être désertes de rythmes, vous pétrifiant dans un halo angoissant mais c’est quand la batterie prend les devants que ce disque devient le plus saisissant. Éveil est plus frappé et flippant que le plus taré des morceaux de Lightning Bolt qui trouve sa prolongation dans Réveil. Sur Masse Le Fer Du Son, le rythme trépidant et la mise en tension crescendo comme une profonde lame de fond qui rien ne peut arrêter devient assourdissant alors que les dix minutes de Frisson Furtif sont traversées par un élan plus rock mais aussi une mise en relief plus aiguisée avec un jeu de batterie qui étincelle le crépitement ténébreux.
DnT, un album malaxant une matière aussi vivante que synthétique à l’accès revêche et difficile. Mais c’est également par cette matière brute sculptée quasi en direct que naît une sensation captivante suscitant l’intérêt.

SKX (29/03/2020)