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La Chasse
Sidera – LP
213/Et Mon Cul C’est Du Tofu ?/Mammouth/Jarane/Cheap Satanism/Poutrage/Donnez-Moi Du Feu records 2020

Plus noir que le noir, c’est Sidera. La nuit, les astres, une autre façon de briller. Et de se perdre. La Chasse s’enfonce dans les ténèbres après un premier album qui ne laissait que très peu filtrer la lumière. La lourdeur de l’atmosphère prend une nouvelle dimension, étend ses tentacules inquiétantes, pèse de tout son poids sur une humeur tourbée, un goût de cendres dans la bouche et la vision d’un bûcher étouffant. La Chasse, on en a brûler pour moi que ça. Un duo de Marseille la nébuleuse avec Ana Servo (batterie, chant) et Julie Bush (basse, chant) évoluant dans les limbes d’un doom atypique, aussi rugueux que mystique, toujours plus lent, un dark folk électrique plus ample, plus vénéneux, transportant en son sein un langage mystérieux, les traces d’un rituel ancestral. La basse prend des proportions assourdissantes, sur les pas d’un tonnerre qui peut s’avérer étonnamment mélodique alors que les profondes vibrations telluriques et ses modulations semblaient être son seul moteur. Tribalisme mesuré, chaque coup porté marque le pas d’une marche funèbre, s’écrase pour mieux exploser sous la croûte terrestre et faire trembler le sol. Et le pire dans toute cette danse macabre, c’est que La Chasse arrive à vous faire rêver. Certes, un songe étrange peuplé d’ombres imposantes et lugubres mais qui vous enveloppe, vous berce, vous soulève au gré des ondulations et des ébranlements, laissant entrapercevoir une strie de lueur, la possibilité de s’échapper dans un autre monde où personne ne viendra vous emmerder et dont les chants tels des sirènes redoutables apportent un envoûtement et une douceur contrebalançant l’âpreté générale. L’alchimie particulière de La Chasse ne livre pas tous ses secrets, ce qui est une très bonne chose. Son austérité apparente, son minimalisme revêche creusent des ornières dans lesquelles il est bon de se vautrer, s’abandonner, liant la rudesse d’un sortilège gothique et sèchement punk à la beauté illuminée d’un Dead Can Dance. Fascinant.

SKX (19/12/2020)