jeromesdream
microspy
|
Jeromes
Dream
LP
Microspy records 2019
Un énième groupe à renaître de ses cendres.
Jeromes Dream, trio du Connecticut (désormais localisé à
Los Angeles), navait pas donné signe de vie depuis 2001.
uvrait dans le style clivant du hardcore screamo ou emo violence,
appeler ça comme vous voulez tant que ça hurlait à
sen démettre la mâchoire et même un peu plus
sur fond de chaos hypersonique. Jeff Smith, porte-voix et bassiste de
Jeromes Dream était en plus connu pour ne pas utiliser de micro
pendant des concerts ultra expéditifs. Et sur les disques, cétait
sans doute pareil tant le chant était en retrait derrière
le bordel. Du pain béni pour les médecins ORL.
Une poignée denregistrements entre 1998 et 2001 qui se négocient
désormais à des prix ridiculement hauts comme ce split
à tête de mort avec Orchid ou le mini-format
avec The Book Of Dead Names. A croire que ce groupe était coté.
Et il est vrai que Jeromes Dream était une référence
dans le style (ce qui nexcuse pas cette spéculation à
la con). Un style en désuétude mais qui a toujours des adeptes.
Adeptes qui se sont réjouis de la reformation de Jeromes Dream.
Et qui ont vite déchanté. Le rêve est terminé.
Jeromes Dream na plus vingt ans. Jeff Smith ne hurle plus comme
un damné. Il a découvert à quoi servait un micro.
Avec ses compères dorigine (Nick Antonopoulos à la
guitare et Erik Ratensperger à la batterie), ça ne joue
plus aussi vite, aussi fort et aussi confusément comme si leur
vie en dépendait.
Il existe donc deux écoles pour appréhender ce nouvel album
sobrement nommé LP. Soit vous détestez cordialement
et hurlez à larnaque encore plus fortement que Smith ne le
faisait à la grande époque en pleurant toutes les larmes
de votre corps pour quon vous rende votre vrai Jeromes Dream. Soit
vous soufflez un bon coup en vous disant que ces cris de gorets quon
égorge, cétait rigolo un moment mais ça fait
du bien quand ça sarrête. Idem pour la musique. Respirer,
cest bon pour la santé. Comme jai également
vieilli, je fais partie de la seconde catégorie.
A réécouter ce style vingt ans plus tard (comme par exemple
avec cette compilation
réalisée en 2005 avec la totalité de leurs disques),
je me demande même comment jai pu supporter ça. Solidarité
avec Jeromes Dream. De là à jubiler quant à cette
reformation qui ne me faisait ni chaud ni froid, cest pas gagné
non plus. En fait, ce disque me rappelle Presents,
le tout dernier album du trio que javais chaleureusement détesté
à sa sortie. On y entendait un groupe dont les ardeurs se calmaient
quelque peu et des hurlements moins hystériques. Avec LP,
Jeromes Dream continue sa mue vers un hardcore-emo plus classique, voir
indie-rock soutenu. On perd en délire pré-pubère
mais on gagne en tranquillité de quarantenaires débonnaires.
Smith ne crie plus mais ne fait pas de miracle pour autant avec une tonalité
assez neutre, distante et légèrement voilée derrière
des effets. Les riffs sont beaucoup plus inspirés que sur Presents,
les compos sont variées, mélodiques aussi, apaisées
souvent, contrastées, évoluant sur une tension sans à-coups
mais sachant manier lurgence et les accélérations
avec maîtrise. Une poignée de titres se révèlent
accrocheurs et plaisants. Ça ressemblerait presque à une
bonne surprise.
Jeromes Dream a eu lexcellente idée de ne pas copier un passé
ne correspondant plus à leur réalité. Jeromes Dream
est un nouveau groupe et il est pas mal prometteur.
SKX (05/02/2020)
|
|