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I'm Being Good
A Constellation Of Bad Ideas – LP
Infinite Chug records 2019

Il n’est jamais trop tard pour découvrir un groupe mais là, ça frise le génie, c’est touché le trou noir du bout des doigts. Pas loin de trente ans que I’m Being Good existe et c’est seulement maintenant que ce nom traverse la Manche. Vu d’ici, ce groupe anglais originaire de Brighton a l’air d’être le projet d’un seul homme, Andrew Clare. Il aurait même commencé en 1992 par une cassette, The Life And Times Of I’m Being Good, avec notamment deux reprises de Sonic Youth, Schizophrenia et Flower. Depuis, de nombreux CDs, cassettes, enregistrements digitaux sont sortis, la plupart sur sa propre structure, Infinite Chug. Encore fallait-il le savoir donc. Les joies et les peines du do it yourself.
I’m Being Good a également publié plusieurs singles qui auraient pu nous guider vers la Lumière dont un avec Trumans Water en 1998 et autre single compilation en 2002 avec Penthouse, Gravel Samwidge et toujours Trumans Water. Et ce n’est pas un hasard. Dès Furniture With Feet, le morceau ouvrant A Constellation Of Bad Ideas, l’influence de Trumans Water se répand sûrement mais lentement, un doux venin parcourant les méandres curieux d’un disque caoutchouteux. Et là, c’est un autre groupe qui vient à l’esprit dès qu’il est question de guitares élastiques et de mélodies bizarres, Polvo pour vous servir. Vous pouvez avancer en confiance, vous êtes entre de bonnes mains.
Pour ce disque Andrew Clare (chant, guitare, basse) est accompagné de Stuart O’Hare (guitare, basse) et Tom Barnes (batterie), deux fidèles comparses qui le suivent depuis un moment pour un trio jouant les yeux fermés la partition d’un rock qui a traversé sans bouger les décennies et offrir un modèle de construction/déconstruction en droite ligne des années 90 et délivré avec une étonnante fraîcheur. I’m Being Good ne possède pas la folie et la frénésie des meilleurs Trumans Water mais il adopte une allure chancelante et erratique qui le rend également spéciale. Progression fragmentée, longues digressions discordantes dans lesquelles surnagent toujours des bouts de mélodies éruptives, brusques embardées et une tension malléable. Il est possible parfois de tomber dans des trous d’air, se perdre dans une humeur aqueuse mais A Constellation Of Bad Ideas est principalement une accumulation de bons plans, des idées plein les deux guitares, un enchevêtrement de cordes déviantes et inspirées, un paquet de nerfs distendus qui reviennent claquer à la tronche, d’un chant tour à tour nonchalant et perturbateur bien que peu présent avec une traînée de poudre tristement joyeuse qui flotte dans le ciel et parsème une ambiance douce-amère et inconfortable.
Il est donc grand temps de rendre hommage à ce groupe et d’aller écouter les enregistrements précédents méritant votre attention parce que I’m Being Good n’a pas attendu A Constellation Of Bad Ideas pour devenir bon.

SKX (02/05/2020)