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threeman
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Haystack
Right At You – LP
Threeman records 1996/2020
Je ne m’attendais pas à reparler aussi vite de Haystack. Un
groupe disparu pendant 21 années, brillamment réapparu l’année
dernière à l’heure de The
Sacrifice et qui revient déjà. Threeman records
a eu la bonne idée de rééditer Right At You,
le premier album du trio suédois publié par Outside Society
en 1996 uniquement en CD. Une vieillerie en guise de nouveauté
donc mais c’était passé tellement inaperçu ou
presque à l’époque que ça sera une découverte
pour la majorité. Et pour la première fois en plus en vinyle
avec sur la pochette, le dessin d’un type qui me fait penser à
Mike Patton se faisant éclater la tête façon pastèque
(un bon point pour Haystack).
Remastérisé par Magnus Lindberg (Cult Of Luna), Right
At You s’offre une seconde jeunesse, celle qui a été
marquée à jamais par Unsane. Parce que si vous n’êtes
pas encore au courant et avez raté les épisodes précédents,
Haystack, c’est Unsane. Le plus beau des hommages. Qui avait atteint
son paroxysme lors de Slave
Me, second album dont les mauvaises langues disent même
que c’est le meilleur album d’Unsane. Parfois, je serais pas
loin de le penser. A l’époque, Right At You ne m’avait
pas autant secoué. Allez savoir pourquoi. Alors qu’en fait,
il n’a rien à envier à Slave Me.
Right At You aurait même tendance à être un peu
plus varié. L’emprise d’Unsane est là, aussi impressionnante
que jamais gênante car Haystack possédait l’art de la
compo juteuse. Mais c’est aussi un album qui doit à Cherubs.
La différence est minime mais les puristes comprendront. Cherubs
que l’on disait à la grande époque (c’est à
dire avant la reformation des Texans) également influencé
par le trio new-yorkais mais qui avait une dégaine plus rock, chaleureuse
et déjantée se retrouvant aussi sur Right At You.
Il est même possible d’ajouter une touche Hammerhead à
cette somptueuse liste, comme sur Low (qui coupe d’ailleurs
abruptement), une approche parfois plus punk et directe que Haystack savait
aussi sublimer. Une trilogie d’influences qui ne peut donner qu’un
album incroyable. Right At You regorge de tubes, de claques, de
monumentaux coups de basse dans les gencives dont on peine à se
remettre, d’un groove qui réchauffe l’atmosphère
façon sauna toxique, des riffs d’un grand bonheur qui dérapent
régulièrement dans une urgence insupportable, du chant parfaitement
convaincant et postillonnant de Uffe Cederlund (Entombed), avec un des
meilleurs morceaux d’Unsane, pardon d'Haystack, While The City
Breathes, et d’un autre qui au bout de ses quasi sept minutes
(Ghost) fera pigner tous les cœurs des noise-rockers qui doivent
absolument posséder cet album sur leurs étagères
mais aussi Slave Me qui ont divinement su faire oublier leur lourd
héritage. Le temps de la réhabilitation d’Haystack
est enfin venu.
SKX (29/10/2020)

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