upsettherhythm
maternalvoice


Handle
In Threes - LP
Upset! The Rhythm/Maternal Voice records 2020

Si vous n’êtes pas étranger à la musique de D.U.D.S et surtout, si vous êtes sensibles aux deux albums que le groupe de Manchester a publié avant de mettre la clef sous la porte, Handle devrait savoir contenter votre instinct pour un post-punk expérimental et singulier. Avec Giulio Erasmus et Nirvana Heire, deux membres de D.U.D.S, respectivement à la basse et à la batterie et Leo Hermitt au chant et claviers, Handle poursuit cette recherche d’équations azimutées pour danse mutante. Onze courtes vignettes sonores avec une section rythmique riche de beats tour à tour fêlés ou tribaux, d’une samba/funk à l’esprit no-wave où la somme des quatre cotés n’égale jamais le carré, de croisement atypiques, de percussions qui font perdre le sens du rythme bien que l’aura générale de In Threes soit fortement entraînante. C’est déroutant et élastique, abstrait et bizarrement convulsif. Les claviers et le chant apportent la touche mélodique mais c’est à minima. Une contribution qui tient également plus du rythme, de la perturbation, de l’agitation, d’un chant caoutchouteux erratique qui tient parfois de l’exercice vocale (le morceau qui ouvre l’album se nomme Vocal Exercise, ce n’est pas un hasard), du gimmick qui va tenter d’accrocher les neurones sur un élément tangible, se faufilant entre les mailles de la rythmique, autant pour les empêcher de tourner rond que mettre de l’huile dans les rouages. Et à ce petit jeu là, Handle ne gagne pas à tous les coups. Le trio arrive souvent à mettre le doigt dans le bon engrenage et vous entraîner dans leur drôle de mécanique trafiquée, une hypnose piquante et vivifiante qui ne dure jamais mais qui provoque son petit effet. Mais In Threes manque de vrais bons morceaux. C’est comme un assemblage trop abscons pour faire mouche, une articulation rigide et distante sur les bords malgré la rythmique séduisante et une impression de redondance pour un album qui perd parfois le fil de l’histoire. Un album qui reste tout de même plaisant de loin mais la formule audacieuse et le désir d’emprunter des chemins de travers semblent ne pas encore avoir trouver les réglages adéquats.

SKX (30/04/2020)