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Habitar La Mar
Comedia Yoica – LP
The Braves/Nooirax/Spinda/Odio Sonoro/Fuzz T-Shirts/Violence In The Veins/Gato Encerrado/ Bandera/Borx/Long Live/Kill Vinyl/Monasterio de Cultura/Quebranta Records 2020

Realismo Histérico – LP
Odio Sonoro/Spinda/Cosmic Tentacles/Violence In The Veins/Nooirax/Monasterio de Cultura/Fuzz T-shirts/Bandera/The Braves/Bartolini/La Fosa Nostra/Sacramento records 2018

Sacrée tempête en vue. Quand Habitar La Mar se pointe, mieux vaut rester à terre que vivre en mer comme le suggère le nom insolite de ce groupe espagnol originaire de Jaén (Andalousie). Habitar La Mar débarque avec deux albums en un peu plus d’un an. Realismo Histérico en novembre 2018. Comedia Yoica en février 2020. Ou plus précisément deux mini-albums soutenus par un nombre indécent de labels avec respectivement six et sept titres pour à chaque fois vingt minutes unies dans l’agression d’un noise-rock qui aurait pu constituer les deux faces d’un seul et même album compact et cohérent. Les cinq espagnols ne sont pas du genre à respecter de rounds d’observation. Dans le vif du sujet pour chaque morceau, l’agression directe, aux frontières d’un post-hardcore qui balance des salves ardentes, brutales, limite chaotiques, jamais pris à défaut par une énergie débordante et musclée. Ça, c’est pour l’effet première vague, la déferlante quand vous ne savez pas ce qui va vous tomber sur la tronche. Peu à peu, des coins de ciel moins orageux se dévoilent mais l’ambiance n’en devient pas moins inquiétante. Amargo et encore plus Serio sur Realismo Histérico montrent une facette de Habitar La Mar où la force de frappe laisse place à un venin plus retors, une humeur troublante, un propos torturé. Habitar La Mar brouille les pistes.
Et quand vient le tour de Comedia Yoica, si Habitar La Mar ne change pas fondamentalement sa virulente ligne de conduite, elle devient encore plus souple, imprévue, contrastée, ouvragée dans l’acier et empruntes d’accroches restant plus longuement en bouche. Un groupe foutrement abrasif et tout en passion, sentiment accentué par le chant en espagnol, l’urgence qui colle au micro même quand ça passe en mode parlé ou aidé par deux chants féminins. Un duo très convaincant avec une intense Donna Diane (Djunah) sur Caos et avec Anxela Baltar (Bala) sur l’excellent Fantasmas. Un groupe qui orchestre plus judicieusement sa violence et deux guitares parsemant des bribes de mélodies vicelardes. Un groupe qui ne montre pas que les crocs mais aussi des bouts de chairs vibrants et rougeoyants d’un feu intérieur qui est grandement contagieux. Habitar La Mar a tout pour marcher sur l’eau.

SKX (18/05/2020)