thegladhusbands
vollmerindustries
scattivorticosi
antenakrzyku
atypeek
entesanomicos
longrail
tadca
whosbrain


The Glad Husbands
Safe Places – LP
Vollmer Industries/Antena Krzyku/Atypeek Music/Entes Anomicos/Longrail/Scatti Vorticosi/Tadca/Whosbrain records 2020


Il existe des groupes qui savent se faire grandement désirer et The Glad Husbands tombe dans cette catégorie qui tourmente les fidèles. Après un magistral premier album en 2012, God Bless The Stormy Weather, le trio italien n’avait plus donné signe de vie. Et c’est par ce titre qui résonne étrangement en ces temps obscurs, Safe Places, que The Glad Husbands revient frapper à la porte. Car oui, avec ce groupe, nous sommes en lieux sûr. Le monde du noise-rock ne va s’en porter que mieux.
Les Maris Heureux sont restés dévoués à un genre et un savoir-faire qu’ils ne cherchent pas à chambouler. On retrouve avec bonheur toute l’approche fortement émotionnelle, les plans machiavéliques qui les font accoster des territoires plus techniques à la frontière du noisecore mais sans la surenchère malvenue, courir sur des chardons ardents, se mettre à nu dans de magnifiques moments de tension mais avant tout, sans cesse garder à l’esprit que l’important est d’écrire des chansons qui vont rester, marquer au fer rouge pour une empreinte qui ne s’effacera jamais.
Et pour ça, Safe Places n’hésite pas à être bien plus mélodique que son prédécesseur. Les deux guitares de The Glad Husbands, groupe sans basse, s’ouvrent à des fluides nouveaux, des harmonies inédites, tout autant que le chant plus varié avec toujours ce grain d’urgence dans le fond de la gorge, l’impression qu’il est à bout et qu’il n’en peut plus de toutes ces conneries. Et cette orientation rend les morceaux de Safe Places encore plus limpides, percutants, ensorcelants. Il suffit de s’adonner à l’écoute du sublime Things That Made Sense, se laisser emporter par le refrain qui intervient sur la seconde moitié, son riff incroyable qui illumine tout pour s’abandonner totalement à un disque où chaque morceau possède une indéniable personnalité. Des compos ne se perdant jamais en complexité malgré des changements de directions et d’humeurs. Un nouveau batteur (Stefano Ghigliano) a débarqué mais on n’y voit que du feu tant il est aussi sauvage et fougueux que l’ancien avec des baguettes qui volent dans tous les coins. Au contraire, The Glad Husbands n’a jamais paru aussi sur de sa force, savoir où aller, gagnant en acuité et en consistance. Les doigts des guitaristes (les deux Alberto, Cornero et Calandri) ne sont pas avares d’efforts, jouent à la course poursuite sur Meant To Prevail mais ils n’ont jamais été autant inspirés pour trouver des accords fougueux, lumineux, poignants, violemment beaux.
Et si Safe Places comporte son lot de morceaux épiques qui coupent le souffle, ce deuxième album est capable d’asséner de purs moments d’adrénaline à la Colossamite ou Pord en mettant une intensité de dingue tout en trouvant le riff qui pique comme sur Out Of The Storm, Spare Parts et le saisissant Like Animals qui clôt l’album, parce que nous sommes tous des animaux se nourrissant de ces fulgurants fragments d’un rock jouant au pyromane et qui claque comme une évidence.
Safe Places
valait bien huit années d’une attente plus que comblée mais si The Glad Husbands pouvait se manifester plus souvent, on s’en porterait beaucoup mieux.

SKX (11/04/2020)