
greenblue
slovenly
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Green/Blue
s/t – LP
Slovenly records 2020
The Blind Shake ne donne toujours pas de nouvelles. Il a peut-être
définitivement quitté la scène. Mystère. Par
contre, les frères Blaha continuent de faire chauffer les guitares
qui n’ont jamais eu le temps de prendre la poussière. Cette
fois-ci, c’est Jim à l’honneur. Il s’était
déjà manifesté sous le nom de Jim And The French
Vanilla (avec l’aide du frangin Mike sur le second album Afraid
Of The House). Il revient mais n’a pas su choisir entre le
vert et le bleu. Il a donc appelé son nouveau projet Green/Blue.
Une couleur caméléon qui correspond bien à l’esprit
de la maison Blaha. Punk, garage, rock, noise, surf music, pop, Jim Blaha
n’a jamais su se décider. Tout ça se retrouve donc
une nouvelle fois mélangé. Le reste est une histoire de
dosage.
Et le panachage tire vers la période Fly
Right, un des très nombreux albums de Blind Shake mais
le seul présent sur le label de Reno, Slovenly records. Tout comme
ce Green/Blue. Le hasard n’a pas sa place. Mélodies en avant,
teinte rock sixties, contours garage bavant dans les arrondis. Mais tout
ça dépend d’où vient la lumière, le regard
pouvant déceler de multiples variations selon l’angle de vue
et l’humeur du moment. Mais quels que soient les ingrédients,
l’essentiel se passe ailleurs. La vision du maître et sa capacité
à assembler toutes ces nuances pour créer des chansons uniques
bien que le coup de pinceau du chef soit connu. Et encore une fois, Jim
Blaha fait preuve de brio.
Il a tout fait tout seul, maîtrisé tous les instruments,
enregistré et conçu la pochette. Sauf pour le chant, féminin,
et qu’il a sagement confié à Annie Sparrows (The Soviettes).
Un chant qui est bien plus que des additionnal vocals comme c’est
marqué mais un duo à part entière, voir quasi la
voix principale de Green/Blue. Sur scène, Green/Blue évolue
à quatre. Sur disque, Green/Blue donne aussi l’impression
d’être quatre. Un projet solitaire à la base qui a du
coffre et surtout une ribambelle de ritournelles rock ne craignant pas
le soleil. Des sucreries punks acidulées avec toujours ce petit
bout dur qui reste coincé dans les gencives parce qu’il faut
toujours un peu d’angles pour que ça marque en profondeur.
Une envie irrépressible de faire onduler le bassin sur une poignée
de morceaux primitivement trépidants. Et tailler la route sur tous
les autres. Une classe naturelle pour écrire des morceaux sonnant
comme des classiques intemporels (With That Face, Holidays Kicks,
Proto Caves). Faire bouillir les guitares et donner du grain à
moudre en émulsifiant les dissonances (Street Police, Find
A New World) parce que Blaha aime les mélodies mais aussi le
boucan et quand ça se tend. Et comme il aime vraiment les couleurs,
il a appelé le dernier morceau Pink & Mauve parce que
ce disque, c’est arc-en-ciel tous les jours, éclairant non
seulement notre morne quotidien d’une lumière régénératrice
mais aussi le rock’n’roll qui ne serait vraiment pas tout à
fait pareil sans un disque de la corporation Blaha.
SKX (15/09/2020)

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