glass
warmnoise

Gláss
Wilting in Mauve – Tape
Warm Noise records 2020

Gláss est un groupe de Greenville (Caroline du Sud). Wilting in Mauve est leur second album et, vendons la mèche tout de suite, c’est à tomber. Son seul défaut est d’avoir été publié uniquement en cassette. Pour le reste, c’est parfait de bout en bout. Et pourtant, Wilting in Mauve dure longtemps, presque une heure, de quoi s’essouffler, marquer des temps morts mais Gláss arrive sans casse à enchaîner les douze morceaux sans trembler tout en offrant un panel de compositions variées.
Le fil rouge se situe autour d’un axe post-punk/noise-rock à la Unwound, une charge sombre et plus mélancolique façon Lowercase et un swamp rock énergique que ne renierait pas Bambara. Avec ça, le trio brode des morceaux splendides ne devant rien à personne, des morceaux charismatiques dont l’empreinte sensitive reste longuement gravée dans les neurones.
Avec des surprises dedans comme les sept minutes et quelques de l’instrumental A Tangled East. Un titre qui arrive très tôt, en deuxième position sur l’album et ce n’est qu’à la fin de Wilting in Mauve qu’on s’apercevra que cette compo n’est pas représentative du disque. Mais qu’elle y a toute sa place. Un dédale de rock free étrange, hautement rythmique/percussif, répétitif, avec Amor Fati comme seules paroles brièvement chantées du bout des lèvres avant de sortir les cuivres et finir sur une coloration jazzy avec un clin d’oeil à John Coltrane et son A Love Supreme. Sur le morceau au long cours et en français dans le titre Triage: Étude In Mauve, Gláss fait également preuve d’une créativité débordante et imprévisible, d’une complexité n’ayant rien de rebutant. Au contraire, tout est fluide et semble facile et c’est la marque d’un groupe qui a revu ses ambitions à la hausse et ne s’interdit plus rien. Sublime. Et quand approche la fin avec There Was Wisteria, magnifique ballade crépusculaire avec piano et guitare acoustique, on se demande ce qui vient de se passer.
Car avant, Gláss nous aura pondu un nombre incalculables de plans fantastiques, de riffs de grande classe et fortement marquants, de parties rythmiques enlevées formant un ensemble de titres qui ont tout d’hymnes incontournables comme Open Concept Cont, Boughs, Stretch Marks ou Heavy Fields. Gláss cogne et panse les plaies dans un même mouvement, hypnotise et brise les rêves avec véhémence. Le chant du guitariste Aaron Burke vous enveloppe, vous caresse puis sort les crocs, se fait incantatoire, crépitant d’une flamme possédée. Les mélodies sont entêtantes. L’intensité ne se dément jamais même quand les ambiances se font plus caressantes ou hantées. Et quand il faut appuyer sur l’accélérateur et faire défiler le paysage, Gláss sait montrer au créneau, être explosif avec un surplus de saxo sur le trépidant Gardners, le tendu Ceremonial Garbs ou le plus saccadé My Vocation avec des chœurs attachants. Cette musique devrait être sur toutes les lèvres. Un must.

SKX (11/12/2020)