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god


The Flying Luttenbachers
Imminent Death – 2xLPs
UgExplode/God records 2019

The Flying Luttenbachers est revenu dans le circuit après douze ans d’inactivité et il compte bien mettre les bouchées doubles. Deux albums en une année. Quelques mois après Shattered Dimension, Weasel Walter et sa bande recommencent avec Imminent Death publié en décembre dernier. Mais un album différent. Weasel Walter a déclaré avoir fait le disque qu’il avait en tête depuis 30 ans, sans plus de précisions. Et il en a toujours fait qu’à sa tête. Que ça plaise ou non.
Le line-up est identique que sur l’album précédent, à un petit détail près qui a pour nom Henry Kaiser. Le guitariste américain de 67 balais est un pionner et une pointure dans le domaine de la guitare improvisée et on ne compte plus ses très nombreux enregistrements ou collaborations dont les plus connues avec Fred Frith, Derek Bailey, Jim O'Rourke, Diamanda Galas, le pianiste Greg Goodman et… Weasel Walter. Les deux ont régulièrement sortis des disques ensemble sous leurs propres noms depuis 2002 mais c’est la première fois que Kaiser participe avec Walter sous l’égide diabolique de The Flying Luttenbachers. Et diabolique, Imminent Death ne l’est pas autant qu’un album habituel de The Flying Luttenbachers.
L’orientation est clairement free-jazz. Ça le goût et l’odeur d’un Flying mais sans le trash qui va avec, sans cette tension qui pousse au meurtre. Convulsif mais pas frénétique. Complexe mais pas fulgurant. Avec une multitude de notes à la seconde mais sans l’impression de déluge de fin du monde. Avec des morceaux labyrinthiques à rallonge mais sans ce sentiment que le cataclysme peut tomber sur votre crane à n’importe quelle seconde. Avec une batterie assagie ne tapant plus comme l’éclair, sans en mettre de partout. Et avec du solo à tous les étages, des longues tirades qui n’en finissent plus. La guitare de Kaiser. Le saxo de Matt Nelson (alto, soprano ou de la clarinette basse). A tour de rôle, les deux en même temps, ça déborde, ça couine, ça s’envole sans le mode d’emploi. Avec les autres guitaristes par dessus (Brandon Seabrook et aussi Weasel Walter au four et au moulin) qui entassent les couches ou interviennent en bon ordre. Et donc un feeling très jazzy au final. Un jazz catégorie radicale qui ne plaira sans doute pas aux puristes du jazz. Et qui ne plaira pas non plus aux puristes de The Flying Luttenbachers. C’est malin. Et avec le synthé de Brad Laner sur Grants, Residencies And Trust Funds pour perturber encore plus les puristes de tout poil, version jeu vidéo apocalyptique. Get The Fuck Out (GTFO) qu’ils balancent pendant un quart d’heure, morceau phare d’un disque où c’est casse-toi ou ferme-la. Imminent Death, emprunt d’un groove inédit, jusqu’à trépasser dans un funk très tordu sur White Wine And White Lines, option batucada de l’enfer.
Weasel Walter n’est pas du style à faire deux fois le même album. Avec Imminent Death, c’est son album le plus singulier, pour ne pas dire particulier. Je passe mon tour en attendant le suivant qui sera forcément très différent.

SKX (09/02/2020)