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hummus

Emilie Zoé & Christian Garcia-Gaucher
Pigeons – Soundtrack For The Birds On The Treetops Watching The Movie Of Our Lives – LP
Hummus records 2020

Quand un projet éphémère à la base séduit tellement ces protagonistes qu’ils ne peuvent raisonnablement pas en rester là, cela donne Pigeons. Un disque qui a pris son envol suite à un film. Ou plus précisément la bande-son du film Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l'existence. Invités par le festival 2300 plan 9 à Les Étranges Nuits du Cinéma de La Chaux-de-Fonds en Suisse, Émilie Zoé et Christian Garcia-Gaucher avaient décidé d’illustrer musicalement pendant sa diffusion ce film datant de 2014 du suédois Roy Andersson en écrivant les morceaux au préalable. Des morceaux qui désormais sont inscrits dans un marbre couleur vinyle. Et ça leur va parfaitement bien. Ils n’ont pas besoin d’images pour prendre vie. Je n’ai jamais vu le film, strictement aucune idée de l’ambiance qui s’y déroule mais ce qui est facilement possible d’avancer, c’est que Pigeons est bien plus qu’une bande-son.
Le duo qui avait déjà collaboré sur The Very Start, l’album précédent d’Émilie Zoé dont Christian Garcia-Gaucher était le producteur, s’est attaché à livrer un disque à part entière avec de vraies compos dedans donnant des chansons incroyables comme The Painter. L’univers musical d’Émilie Zoé se retrouve dans une version encore plus minimaliste, dénudée et majoritairement acoustique. De la guitare, quelques claviers, un violoncelle sur Next Time par Louis Jucker (Coilguns) qui a également ajouté des percussions sur un titre (The Good Life) et enregistré et mixé l’album et bien sûr, le chant principal et envoûtant d’Émilie Zoé régulièrement secondée par le timbre plus grave et posé de Christian Garcia-Gaucher.
Des vignettes sonores aériennes possédant de la consistance, des titres impressionnistes laissant une profonde trace, un fort parfum de mélancolie et de nostalgie qui rendent radieux et tristement souriant. Le monde s’écoule lentement. Pigeons arrive même à l’arrêter, le laisser en suspens pour voler sereinement au-dessus d’un nid de soucis, contemplatif sans être plaintif. Des titres à la limpidité naturelle qui vous touchent avec une telle simplicité que cela en devient renversant. Rien que la puissance de The Painter dessinant une mélodie sobrement magnétique avec juste une guitare acoustique, un chant et un discret synthé Bontempi devrait suffire à se procurer Pigeons. Idem pour The Grand Scheme ou The Good Life évoquant The Black Procession ou d’autres pistes à l’esprit lo-fi retraçant l’école néo-zélandaise comme Chris Knox quand il est possible de faire des miracles en bricolant avec trois bouts de ficelles. Ce Pigeons là est un rare spécimen qui rend l’existence plus belle.

SKX (16/06/2020)