den
corpseflower


Den
Iron Desert – LP
Corpse Flower records 2019

La puissance de la pochette ne doit pas faire oublier que nous sommes que grains de poussière dans un marécage de merde. Si ces fondamentaux ne sont pas ancrés en votre for intérieur, Den va se charger de vous le rappeler durement. Den signifie la tanière en bon français, le repaire et quand le trio de Chicago décide d’en sortir, c’est pas pour raconter des salamalecs. Vieux chameau. Le souvenir de leur dernier méfait remonte à 2014 et se nommait Exhausted. Il continue de hanter ma mémoire et surtout celle de mon disque dur où il réside en quarantaine.
Un mec à la batterie (Ian Piirtola), un autre à la basse (Dylan Piskula) et le dernier (Adam Harris) debout devant un parterre d’electronics en hurlant à la mort dans un micro. Trois personnes à la vie pleine de trous qui ont enregistré les sept morceaux de Iron Desert pendant le printemps et été 2016. Perdu dans le désert depuis trop longtemps, les yeux bandés, ce disque ne voit la lumière du jour que trois ans plus tard et tu t’demandes à qui ça sert. Den truque les règles. Pourfend le hardcore en l’anéantissant par un doom visqueux. Bâtardise le noise-rock en agitant leurs chevelures de metalleux. Saupoudre de déchets électroniques des paysages ravagés par une lourdeur ténébreuse sur l’autel d’un esprit expérimental pas franchement sain. Impossible de savoir à quoi s’attendre chez Den. Capable du meilleur et du moins meilleur.
Porté par une voix gutturalement saisissante sachant varier les modulations de son impressionnant organe, Iron Desert n’est jamais aussi sympathique quand il bat le fer en mettant toute son énergie sanguinaire et qu’il érige la terre brûlée comme politique sanitaire. Pyrite et Entire Mire ouvrent ainsi les hostilités de la plus belle des manières. Délicieusement caverneux pendant que la tornade se déchaîne à l’extérieur. Mais le désert est également un lieu propice aux grands moments de béatitude et Den trouve la paix intérieure lors d’un Bones & Flies digne d’un Steve Von Still en mission interstellaire. Le voyage se fera sans moi. Et vous avez l’entre-deux qui prennent leur temps pour se décider. Les dix minutes de Svalbard et l’éponyme Iron Desert. Mélange d’acoustique, de lenteur vénéneuse, de Sunn O))) quand c’est au plus bas, de Melvins quand c’est au plus haut, d’une pesanteur dramatique dont la peur est de la voir s’enliser sous son propre poids, d’une violence crispante qui ne dit pas vraiment son nom, d’effets lugubres, un krautrock cosmique proche de l’enfer et la brutalité en bout de course pour sauver les plus valeureux parce que c’est quand Den expose sa libido sauvage qu’il flatte nos plus beaux instincts. La traversée du désert, surtout de fer, ça se mérite.

SKX (27/03/2020)