collectifcoax
2035
gaffer


Club Sieste
s/t – LP
Collectif Coax/2035/Gaffer records 2019

Bonjour la gueule de la sieste. Cinq types qui non seulement vont tout faire pour que tu ne fermes pas un œil de l’après-midi mais qui en plus vont t’angoisser pour le restant de la journée. Club Sieste, ça brûle, ça siffle, ça souffle fort, ça tape encore plus fort, ça secoue tout le temps, ça craque de partout, un rouleau de bruits décompressés, éclatés, libres, autant fortement perturbés que très perturbants.
Maxime Petit (Louis Minux XVI) qui guerroie avec sa basse, Augustin Bette qui l’aide bien dans son œuvre de destruction avec la batterie, Basile Naudet pour une grosse soufflante dans le saxo et deux terreurs, Simon Henocq et Luca Ventimiglia, qui manipulent des boutons et jouent avec l’électronique comme d’autres avec le feu.
Cela donne un premier album concassant six compositions qui conchient la mélodie et fonce tête baissée dans un maelstrom de noise free, dure, anguleuse, chaotique. Et si tout ce bordel n’a rien d’une balade printanière insouciante, il est attirant comme l’œil du cyclone. Se perdre, être méchamment malmené comme une brindille, crouler sous les dissonances, se faire gratter l’épiderme par des sonorités écorchées, granuleuses, se faire porter à ébullition adéquate pour en ressortir plus propre et lavé de toutes les toxines quotidiennes et hurler un bon coup, ça n’a jamais fait de mal à personne et sont des qualités très recherchées.
Alors tant pis pour ce son qui dure et perce les tympans à la toute fin de Salut Les Man, pour les triturations sur Local Ou Escape Game ? (personne ne leur a dit qu’il ne faut pas jouer avec les micros et marcher dessus ?) et toutes les fois où ça crisse et que la déferlante devient insoutenable. C’est aussi pour ça qu’on aime ce disque, quand on ne comprend plus rien, que ça grouille de partout de sonorités comme des petits insectes fourbes qui trépignent de vouloir piquer, pour cette vague incontrôlable qui vient sans cesse t’assaillir, pour des titres comme Team Apocalypse qui porte très bien son nom et amène sur un plateau pendant plus de cinq minutes une tension grandissante, un déluge qui ne fait que grossir, s’embellir, prendre de la profondeur et de l’ampleur pour mieux t’ensevelir avant de trouver un (léger) repos lors d’un plus apaisé BCP Trop Mignon dont le sous-titre aurait pu être pour être honnête parce qu’à la fin des huit minutes, le naturel revient au galop. Un disque de free-noise-rock à faire des cauchemars captivants.

SKX (21/03/2020)