childbite
housecore


Child Bite
Blow Off The Omens – LP
Housecore records 2019

Child Bite n’avait jamais été aussi direct, concis, limpide. Blow Off The Omens, neuf titres, trente minutes. Mis en boite par Steve Albini. Le cinquième album du groupe de Detroit dégage les bas-côtés et va droit au but. Sans se départir de ce halo frénétique et heurté, Child Bite éclaircit son propos, le canalise, le diversifie également et bétonne l’enregistrement pour encore mieux marquer au fer rouge les esprits qui n’ont pas oublié comment le groupe de Detroit est capable de les rudoyer en mode flipper givré.
Child Bite continue ainsi le travail d’élagage entamé par Negative Noise. Le changement de personnel entre ces deux albums ne modifie pas la stratégie de la tête pensante du chanteur Shawn Knight et du bassiste Sean Clancy. Un nouveau guitariste (Jeremy Waun), un nouveau batteur dont le nom revient avec plaisir sur nos écrans puisque Shane Hochstetler avait fait les beaux jours de Hero Of A Hundred Fights, Managra, Haymarket Riot et Call Me Lightning et Child Bite repart à l’assaut d’un noise-rock dont eux seuls possèdent la recette. Un noise-rock infiltré de punk, aux consonances métalleuses parfois, surtout quand Dan Mongrain, guitariste de Voïvod, est invité sur le dernier morceau Blow Off The Omens pour un solo de la mort mais un noise-rock toujours unique, perturbé, étrange et aliénant.
Il a juste fallu - et c’est énorme – que Child Bite peaufine son écriture, épure le trop plein de notes, de couches sonores, de rythmes convulsifs au détriment certes d’une folie naturelle et contagieuse qui avait fait la grandeur des disques Monomania et Vision Crimes mais Shawn Knight et sa bande n’ont pas oublié qu’ils n’ont qu’une vie et ils ne pouvaient pas continuer à ce rythme. Blow Off The Omens, c’est donc un album avec des morceaux plus carrés mais dont le cœur est sans cesse en ébullition, améliorant le quotidien avec des épines mélodiques tout en continuant de balancer des parpaings, des riffs pervers et des trépidations brutales et le chant de Knight pour épicer le tout, comme un lion en cage pour la touche de furie. Et des contrastes renforçant l’efficacité des compos à l’instar des excellents Vexed Life ou Become An Animal et la présence d’un saxophoniste (Bruce Lamont du groupe Brain Tentacles qui a sorti un split single avec Child Bite en 2019) sur The Wrong Ones Breed et Disposable Hysteria se fondant à merveille dans le paysage tout en le rendant plus décapant. Blow Off The Omens, non seulement c’est un bon présage qu’il ne faut pas laisser tomber mais la confirmation que Child Bite est un groupe qui compte.

SKX (31/01/2020)