estrangedcommunications

Blank Veins
With the Ashes – tape
Estranged Communications records 2019

Blank Veins a balancé un ultime brûlot carbonisé, goût de cendres dans la bouche. With The Ashes est le dernier enregistrement à tout jamais du duo de Thessalonique (ton président). Kostas K.X. (guitare, chant) et Slateman (batterie, basse) qui ont également la particularité de martyriser un sax, c’est le mythe du retour à la vie sauvage, une danse primitive autour d’une décharge incandescente, des fossoyeurs illuminés exhumant à l’infini des invocations ancestrales avec la clairvoyance d’esprits habités.
Dix ans que ça durait, des cauchemars captés très épisodiquement sur des disques tout noir ou des disques tout blanc. Jamais de gris, à la limite, rouge sang. Tout à bloc ou le néant. Anders Bryngelsson (Brainbombs, No Balls, Orchestra Of Constant Distress) a mixé trois titres parce que le Suédois savait où il mettait ses doigts sales avec Blank Veins. Un gros air de famille. Et quelle famille. Et avec Blank Veins, c’était double ration. La vie en grand. Pour un plaisir démultiplié qui revient explosé tes dents. Jamais Blank Veins n’avait paru aussi pur et flamboyant. Aussi clair et percutant. Avec un chant qui n’a pas besoin de se sortir les tripes pour devenir audible. Avec un sax que l’on distingue. Alors que c’est pourtant toujours un bordel abrasivement virulent, que les sifflements de la guitare font saigner les tympans, que les larsens sont compris avec l’addition et qu’on crèvera sur les répétitions de journées interminables et d’une vie qui se mord la queue.
Blank Veins en remet une couche, encore et encore. Échos inconcevables, répercussions totalitaires, accélère franchement dans la courbe (Woke Up In The Same Day), incantations hypnotiques (comme un relent de piano dans le fond sur Both Sides), Brainbombs possédés et laminés si jamais vous aviez trouvé dernièrement les Suédois mous du genou, tendance free-noise d’un sax forcené sur l’autel ressuscité d’une no-wave qui a retrouvé une seconde vague (A Guest, White Knife) pour mieux nous asphyxier et nous planter un couteau dans le dos car si Blank Veins apparaît plus beau et présentable, c’est parce que le duo a tout donné et qu’au final, on est encore plus ravagé et perdu.
Six titres pour une sortie par la grande porte avec deux autres morceaux ouvrant et clôturant cette maudite cassette qui ne sont que chuintements et châtiments.
Fin de transmission.

SKX (19/04/2020)