bambara
wharfcat


Bambara
Stray – LP
Wharf Cat records 2020

Cinquième album pour les New-Yorkais de Bambara et beaucoup de chemins parcourus depuis un anonyme CD sorti en 2008. Le trio a réellement pris son envol en 2013 avec le second album Dreamviolence. Il n’a fait depuis que grimper les marches, élargir son audience, se faire adouber par ses pairs et ciseler des albums qui font finir à ce rythme par ressembler à des diamants. Noir le diamant avec des reflets de mort qui rôde, mais qui, par une étrange alchimie, n’a jamais été aussi brillant.
Stray et son noir charbonneux révélant des couches de noires encore plus profondes et intenses mais qui n’a jamais été aussi accessible et lumineux. La mort, personnage principal de Reid Bateh, guitariste qui chante autant qu’il aime écrire de longues narrations aux mots enflammant l’imagination, son rapport avec la grande faucheuse, des histoires peuplées d’individus en marge de la société, comme tirées d’un roman de Donald Ray Pollock ou Harry Crews, tentant de se débattre dans leur crasse, survivre et trouver un sens à tout ce funeste bordel.
Alors comme par effet de miroir, comme pour conjurer le mauvais sort, Bambara s’est paré de ses plus belles mélodies, d’arpèges azurés s’élevant lentement comme des serpents se faufilant hors de leurs cachettes ténébreuses, de chœurs célestes féminins comme une brise chaude, d’un violon et d’une trompette sur une poignée de titres et ainsi, l’atmosphère s’est drapée d’un voile entre chien et loup, une élégance envoûtante, enveloppant d’un sobre et sensuel brouillard de désespoir une musique qui se peaufine sans rien perdre de sa force viscérale. L’ombre de Shadow On Everything prend des marbrures plus variées. Les ailes protectrices de Nick Cave & The Bad Seeds, époque Let Love In et Jeffrey Lee Pierce continuent de hanter le spectre de Bambara. Mais Bambara ne cesse de prendre son envol. Un rock pétri de classe, de coups d’épées acérés, d’éructations embrasées, de percussions tribales, de mid-tempos sur la corde raide, dramatiques, aux accents d’un sud américain abandonnés à sa propre luxure, d’envolées brûlantes, de cavalcades revigorantes aux allures de classiques propre à sublimer n’importe quel répertoire (Heat Lightning, Serafina), s'ouvre sur un beau Miracle prémonitoire et s'achève sur un Machete fatidique. C’est la vie. Cruelle, nauséeuse, fragile et magnifique.

SKX (18/03/2020)