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Acrylics
Sinking In – LP
Iron Lung records 2019

Après deux singles en 2017 qui avaient stimulé le rythme cardiaque, Acrylics passe à l’album, le premier, et les pulsations ne vont pas redescendre. Non, le groupe de Santa Rosa ne va pas sombrer. Certes, Sinking In ne dépeint pas un monde tout rose. La parole que vous avez le temps d’apprécier dans le livret 20 pages est lucide et engagée.
Par contre, question comportement de leur punk-hardcore, Acrylics porte l’espoir d’un style qui va de l’avant, inattaquable sur les bases sans chercher à les respecter à tout prix, associant le neuf et l’ancien, entremêlant les flux musicaux et formulant une proposition alléchante qui permet de s’envoler vers de nouveaux horizons. Acrylics creuse ainsi le travail des enregistrements précédents.
C’est punk, la rythmique avance au pas de charge, basique, le chant aussi, aboyeur et puis on rembobine tout, les cadences s’inversent, les nuances se font jour, les complications arrivent, le chant met la pression plus subtilement, de l’écho apparaît, les roulements de tambours font des allers-retours, l’attaque est déviante. L’ambiance générale est mordante, vive et impétueuse mais avec plein de failles à l’intérieur, des pièges, des refroidissements, du tourment, de l’acide.
La guitare étend ses tentacules vers un jeu plus perturbé et inattendu, flirte avec le noise-rock, part dans des méandres brouillardeux et shoegaze, explore des sonorités aux effluves années 80 à la Criminal Code, s’enorgueillit d’effets multiples. Les structures des morceaux, l’agencement des titres avec deux interludes (qui n’ont pas de nom/existence sur vinyle mais se nomment Closer et In Motion dans le monde virtuel) plus ou moins longs pour ponctuer le mouvement et semer le trouble comme avec le thème de Closer qui est repris à la fin du morceau éponyme, tout concourt à faire de Sinking In un disque qui est bien plus qu’un simple album de punk-hardcore. Il serait même permis de sortir le qualificatif arty sauf que le jus noir qui ressort et l’intensité globale qui embrase le tout font qu’on est pas là pour s’amuser et trop fignoler.
Et puis surtout, Acrylics met tout ce beau savoir-faire au service de morceaux terriblement accrocheurs, furieusement entraînants, sauvagement mélodiques dans leur genre, secs, tendus, coupants comme un rasoir, frénétiquement rock, des passages obligés qui s’appellent Harm, Retreat, Losing Sight, Haze, Structure qui figurait déjà sur le second single ou Stagnant avec son intro de basse très noise-rock (en fait, je viens de quasiment citer tous les titres). Des compos qui claquent et font saigner les jointures, qui partent en vrille et érigent des barricades. Sinking In, décollage immédiat.

SKX (26/02/2020)