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Victory Hands
Bishop – LP
Headphone Treats records 2019

Victory Hands, c’est ce bizarre groupe d’Atlanta qui fait des discours et entretiens du président américain Richard Nixon son fond de commerce. Après Anderson et Bernstein deux ans plus tôt, Victory Hands continue sa drôle de lubie avec Bishop en barrant une partie des textes de Nixon pour créer un étrange décalage, un habile détournement et reconstruire ses propres histoires. Beaucoup plus classique la musique est.
Six nouveaux titres dont l’enregistrement remonte à août 2015 et janvier 2016 pour un disque qui était programmé et annoncé pour début 2017 mais qui, pour de mystérieuses raisons, ne sort que maintenant. Le sujet est brûlant. La paranoïa est galopante. On ne nous dit pas tout. En fait, ce sont surtout quatre nouveaux morceaux, Face These Facts et All In The Family étant plus de l’ordre du morceau inachevé avec un seul riff qui tourne et ne fait que passer ou de l’interlude instrumental. Par contre, les quatre autres, c’est du solide, du rutilant, de l’indémodable qui convient en toutes occasions. Le trio va chercher au-delà des cinq minutes de quoi étaler son rock racé qui tape aussi bien dans le math-rock mélodique sans complexité futile, le noise-rock épuré sans dissonances ajoutées, le punk-rock anguleux avec des refrains entraînants, voir presque poppy sur le début de This Kitchen ou Tonight He Stands. Mais dans tous les cas, ces compos sont fédérées par un esprit combatif et beaucoup d’élégance dans la réalisation de morceaux mouvants procurant des émotions variées. Victory Hands claque et caresse dans un geste similaire. Guitare claire, arpèges coupants, caisse claire sèche. Structures tout en souplesse et anguleuse, Victory Hands navigue avec finesse et dextérité entre des bornes clairement identifiées et évite ainsi tout chavirage grâce à un savoir-faire transmis par des générations avisées dont le trio a su tirer le meilleur.
Ce n’est pas le genre de groupe tapageur qui en met plein la vue mais les mélodies que le groupe dresse avec soin (notamment les chants) montent crescendo dans votre cortex sensitif et finissent par actionner les bons boutons à l’instar de Top Brass. Victory Hands perpétue une certaine idée de la tradition indie-rock des années 90 et à part Nixon, il est humainement impossible de voter contre. En plus, la pochette est une nouvelle fois somptueuse.

SKX (29/10/2019)