|
Tuco Bottomless LP Self-released 2018 Tuco est suisse. Bottomless a été enregistré par Serge Morattel au REC studio. Tuco était le titre douverture du premier album de Keelhaul. Des données qui devraient logiquement vous mettre sur la piste de la teneur musicale de ce disque si vous êtes un tantinet du sérail. Donc, oui, Tuco est noise et hardcore, ce que certaines personnes sacrément avisées appellent noisecore, voir metalcore pour les chevelus. Tuco avait déjà publié un premier EP en 2010. Je vous épargne les clichés sur la légendaire lenteur des Helvètes parce quils sont loin dêtre les seuls. La procrastination est internationale. Les années nont en tout cas pas altéré le propos de Tuco. Les plans de Tuco sont bien établis. Rien ne peut déroger Tuco de sa ligne de conduite, du son profondément incrusté dans sa tête. Quimporte le poids des ans, les modes musicales et lévolution de lespèce humaine, Tuco est noisecore et se jette à corps perdu dans la bataille. Le premier quatre titres était déjà une réussite. Bottomless confirme. Le trio est tombé dans la marmite dès le plus jeune âge. Tuco maîtrise parfaitement tous les paramètres du genre. Du massif, du fracturé, du sombre, du très sombre au regard des paroles en lien avec un triste évènement personnel dun membre du groupe, un écho funeste qui se répercute sur les parois en acier trempé et aux nombreuses aspérités comme autant despoir auquel se raccrocher. Les sept morceaux présentent de nombreuses sinuosités, des séquences qui tournent, tournent encore et vous retournent, quitte à ce que tout se mélange dans la tête, ne plus savoir à quel morceau le bras du tourne-disque est rendu, masse monolithique remplie denchevêtrement dont toutes les ramifications finissent par se rejoindre dans une tonalité identique, une matrice unique. Mais comme dans un disque de Great Falls, le tranchant et la lourdeur des riffs, la torture mentale dambiances aliénantes, les rythmes disloqués suivant un mid-tempo autant sous tension que prenant, la voix qui sent le souffre et expulse toutes les mauvaises ondes accumulées sont plus forts que tout. Cest une chape de plomb qui pétrifie sur place, de la noirceur magnifiquement poignante, lenvie de faire corps avec cette pulsion cathartique et se laisser emporter par ce puits sans fond que représente Bottomless. SKX (26/02/2019) |