|
Total
Victory The Pyramid Of Privilege LP Kerviniou/Specific records 2011/2019 Il manquait une pièce au puzzle de Total Victory. Une pièce qui aurait dû être en 2011 la première de la discographie de Total Victory. Un album qui vivotait sur des CDrs mal fagotés. Huit ans plus tard, The Pyramid Of Privilege a subi une remastérisation, quelques gommages pour éliminer des erreurs de jeunesse et paraître plus beau après quelques clics bien placés. Il sort ainsi sous son plus bel apparat en 2019, avec pochette gatefold réversible et vinyle de poids via les deux labels français Kerviniou (Rennes) et Specific (Metz). Le tableau est complet. Chaque pièce à sa place. Les trois albums suivants peuvent sarticuler pleinement, ne boitent plus, le vilain petit canard est revenu à la maison alors quà lépoque et en lisant les notes de la pochette, Total Victory ne pensait pas être un groupe capable de sortir des disques et encore moins davoir des rééditions un jour. Le deuxième album National Service avait failli subir le même sort. Enregistré en 2012 et publié quen 2014 après que de doux inconscients avaient décidé de passer à laction. Idem pour vs. Big Electric, regroupement de matériaux éparpillés sur des formats bâtards. Total Victory, de modestes types qui sexercent dans leur coin du nord de lAngleterre depuis 2007 à jouer un post-punk hybride. Entre eux, pour eux, pour le plaisir, pour les potes, pour survivre à la grisaille et bien dautres désagréments plus importants. Mais le fait est que leur musique plaît. Énormément. Aux Français, pas en retard pour une fois. Et à leurs compatriotes mais depuis peu uniquement, depuis le dernier en date, English Martyrs. Et de plus en plus. Enfin. Mais les joyaux de la couronne nont pas attendu 2017 pour briller. En 2011, Total Victory possédait déjà lélégance des grands, le sens de la mélodie qui vous éclaire la nuit comme un phare de bagnole en pleine tronche, les morceaux qui se collent à vous parce quils sont beaux et bons tout simplement. Fiat Lux, North Of Here, Total Victory malmenait déjà fortement son post-punk, lui faisait prendre la tangente dans des élans passionnés et ravageurs, une sourde mélancolie ne demandant quà prendre le large. Et elle explose, régulièrement. Des arpèges urgents et aiguisés. Des constructions ambitieuses ne se contentant pas du morceau sec et nerveux trop systématique des nombreux revivalistes post-punk, prolongeant leffort comme sur Omnivictory et allant chercher jusquaux dix minutes sur le finale The Singer pour un groupe qui navait pas peur de rocker, ce quil fera un peu moins par la suite. Et avec ce nouveau vernis qui donne du relief à The Pyramid Of Privilege, Total Victory avait déjà tout bon dès le début. Il fallait bien une sortie vinyle pour brillamment le rappeler. En plus, Total Victory nous a récemment informé quil était sorti de sa longue hibernation, quun ancien membre démissionnaire était finalement revenu au bercail et alors que le futur se montrait très incertain, la cinquième pièce du puzzle est maintenant attendue avec impatience. SKX (14/03/2019) |