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Old Time Relijun
See Now And Know - LP
K records 2018

Old Time Relijun mérite plus que jamais son nom. Une religion ancienne qui remonte déjà à 1997. Une religion singulière qui n’avait plus fait parler d’elle depuis 2007 et Catharsis In Crisis. Une religion disparue bien que son gourou principal Aarington De Dionyso donnait régulièrement de ses nouvelles en mode pèlerinage solitaire ou parti porter la bonne parole en Indonésie avec les musiciens locaux. Mais les mythes ont la vie dure. Old Time Relijun revient donc sur le devant de l’autel. Parce que Satan a pris le pouvoir dans un pays qui veut être great again et que la parole de plus en plus politisée de Dionyso en solo (notamment avec son projet This Saxophone Kills Fascists) possède beaucoup plus d’impact à plusieurs et dans un cadre rock. Et parce que ça fait du bien de retrouver les vieux potes et de refaire du bordel ensemble.
Old Time Relijun est dans la formule originel. Outre Dionyso donc, Germaine Baca à la batterie, Aaron Hartman à la contrebasse et Ben Hartman au saxophone. L’équipe gagnante. Tout ce joli monde s’est retrouvé, a improvisé comme au bon vieux temps et si seulement sept morceaux en sont ressortis, c’est parce que c’est une remise en route et que Old Time Relijun a voulu sélectionné le meilleur du meilleur. Ce qui n’est pas totalement validé.
Toutes ces années de silence n’ont ni changé ni édulcoré le propos de Old Time Relijun. Le quatuor reprend les choses en l’état, comme si rien ne s’était passé depuis douze ans. Ou presque. Le groove est plus que jamais présent. Le saxo et les cuivres en général aussi (Dionyso a sorti la clarinette). Ça pulse sur la piste de danse, torride et déjanté dans le style unique de OTR. Un rock’n’roll fiévreux, un blues incantatoire, du funk braque et accidenté. Toujours transporté par l’organe vocale unique de Dionyso qui n’a pas perdu ni la foi, ni le feu sacré ni les petites lumières agitées clignotant dans sa tête où il semble plusieurs et en espagnol souvent.
On y croit dur comme fer sur Crows In A Row ou El Naranjo Gritando (spécial dédicace à l’orange de la Maison Blanche), OTR montrant des crocs acérés, frappeurs et incendiaires. On y croit moins sur Danau Lindu, instrumental hérité sans doute des expériences exotiques de son chanteur-guitariste, Dragon Juice en pilotage automatique ou tout simplement moins inspiré même si rien de rédhibitoire tout comme In This World malgré une contrebasse sachant se faire remarquer (comme sur tout l’album d’ailleurs et une section rythmique impeccable de manière générale) et des violons qui roucoulent. Quant à Jeremiad et I Know I’m Alive, c’est du solide avec toujours ces clins d’oeil vers un Jon Spencer/Nick Cave qui ne seraient pas parti en maison de retraite.
A défaut de tout emporter pour leur retour, See Now And Know dérouille fortement les artères, les nôtres et celle du groupe, signant un retour prometteur. On en remercierait presque Trump.

SKX (26/06/2019)