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Deuxième album pour les Anglais de Negative Space répondant au doux nom de Cruelty car leur post-punk ne manque pas de mordant. A tel point que cette étiquette ne signifie plus grand-chose pour la coller sur le blaire de Negative Space. Ce qui était déjà le cas sur leur précédent disque Gestalt, on se répète mais c’est encore plus vrai avec Cruelty. Comme disait Hélène Jégado, tout est histoire de dosage. Et si la section rythmique et surtout la basse sont généreusement dotées comme à l’accoutumée, c’est pour rentrer toujours plus profondément dans la chair.
Negative Space se rapproche dans les intentions de leurs compatriotes Bad Breeding, l’envie d’en découdre, le dégoût, le vent de la révolte, cet arrière-goût de Crisis en mode hardcore. Mais pas pour le son. Chez Negative Space, pas de saletés entre les cordes, pas de Ben Greenberg à New York mais un certain T-Rex à Berlin, le même qui a mis en boite le Bug de Pigeon avec qui il serait tentant aussi de faire des parallèles, qui, c’est bien connu, ne se rejoignent jamais.
C’est vif, clair, percutant. C’est revêche, hargneux et néanmoins âprement mélodique et rugueuse ment entraînant, fort d’un groove entre deux eaux, tendu mais n’éclatant jamais réellement sauf sur le fulminant Theft Utopia. Chaque coup de basse compte triple. Plus d’un groupe de noise-rock aimerait avoir ce son et ce type dans leurs rangs. Tester Eternal Rotation rien que pour voir, ça va vous faire le fond de l’oreille. Et quand en plus, Negative Space rajoute des petits grouillements, triture l’électricité d’une guitare tranchante aux interventions calculées, la dimension noise des Londoniens se fait sentir (Wet Brain) et ça, c’est pas pour me déplaire. Un album hélas très court mais la salve des sept titres en est d’autant plus marquante, frappe dure et juste, chacun des morceaux possédant des allures d’hymnes punk underground qui comptent à l’instar de l'irrésistible Negative Freedom ouvrant les hostilités d’un disque qui aurait la fâcheuse tendance à vouloir s’écouter en boucle jusqu’à plus soif.

SKX (04/09/2019)